Recheche
Un projet de modernisation
initié en 2023 afin de développer une nouvelle méthode d’identification
A partir des données spatiales d’observations d’une espèce, la répartition actuelle potentielle des espèces est modélisée en utilisant différentes variables explicatives, comme des facteurs climatiques ou d’occupation du sol. Ces modèles de distribution d’espèces (SDM pour Species Distribution Models en anglais) fournissent également une représentation simplifiée de la niche écologique de l’espèce, c’est-à-dire des conditions environnementales qui favorisent sa présence. A partir de ces modélisations, la répartition future d’une espèce est prédite en tenant compte d’un changement de l’environnement. Dans une première étape, l’impact du changement climatique est étudié sur la répartition future d’une espèce. Dans une deuxième étape, l’impact d’un changement de l’occupation du sol est prédit à un endroit précis, pour déterminer les secteurs à enjeux pertinents pour la restauration et création de mares.
Afin d’affiner les prédictions du modèle, il est également indispensable de prendre en compte les capacités de déplacement de l’espèce. En effet, même si de nouveaux espaces géographiques deviennent favorables à l’accueil d’une espèce, il n’est pas garanti que celle-ci puisse les atteindre. La distance à parcourir, ainsi que la présence de barrières écologiques peuvent réduire les chances qu’une espèce réussisse à coloniser de nouvelles régions.
Le plan méthodologique de la modélisation a été défini en 2023 et est décrit sur la figure.
L’analyse complète sera réalisée au cours de l’année 2024 sur de nombreuses espèces affiliées aux mares. Le choix des espèces cibles retenues est encore à définir. Les résultats obtenus pour chaque espèce seront combinés par des indices de biodiversité.
Méthodologie développée pour identifier les secteurs à enjeux pour mettre en place des actions de création et restauration de mares
Les quatre scénarios (trajectoires socio-économiques partagées) utilisés pour la projection future (IPCC, 2021).
Aire de répartition future de T. marmoratus en fonction des quatre scénarios climatiques.
Au cours de l’année 2023, une partie de cette méthode a été appliquée à une espèce : le triton marbré, Triturus marmoratus. La niche écologique de cette espèce a été modélisée à l’échelle de l’Europe et à partir de données climatiques uniquement. Le modèle a été entraîné et évalué sur 6462 données d’observation de cette espèce rendues disponibles par le Global Biodiversity Information Facility (GBIF) après nettoyage. Les neuf variables climatiques utilisées proviennent de la base de données WorldClim. Les deux variables identifiées comme les plus importantes pour prédire la présence du triton marbré sont la température minimale pendant sa période de reproduction, ainsi que la température moyenne en été.
Les prédictions de la répartition future du Triton marbré ont été modélisées pour quatre scénarios de trajectoires socio-économiques, ou SSP en anglais. Ils fournissent des prédictions entre autres pour la température et la précipitation jusqu’à l’horizon 2100. Les émissions totales de CO2 correspondantes sont présentées sur la figure ci-contre.
Selon le scénario climatique pessimiste, plusieurs prédictions futures peuvent être faites à différents horizons temporels. Il est à noter que dans tous les scénarios, l’aire de répartition actuelle diminue, en particulier en Espagne, Portugal et sud de la France. Pour le scénario le plus pessimiste, il est estimé que jusqu’à 98% de l’aire de répartition actuelle serait amenée à disparaître à l’horizon 2100. Ces pertes semblent pouvoir être en partie compensées par l’apparition de nouvelles zones favorables au Triton marbré, notamment en Belgique et au Royaume-Uni. En revanche, il n’est pas garanti que cette espèce puisse se disperser jusqu’à ces zones si la dégradation de son aire actuelle de répartition est rapide ou s’il n’existe pas de corridors écologiques appropriés. Notamment, le développement de cette espèce au Royaume-Uni nécessiterait des actions d’introduction.
A grande échelle, la partie Nord de la France semble une zone à fort enjeu de conservation pour le Triton marbré.
Actions
Connaissance