La Réserve naturelle nationale de la plaine des Maures (RNNPM) est créée le 23 juin 2009 par décret interministériel n°2009-754. Elle couvre une superficie de 5 276 ha, répartis sur les communes du Luc-en-Provence, des Mayons, du Cannet-des-Maures, de Vidauban et de La Garde-Freinet dans le Var (83). Les 2/3 de son territoire appartiennent à des propriétaires privés, 1/3 au domaine public (forêts domaniales et communales, Conservatoire du littoral, Espaces Naturels Sensibles du Département).
La SNPN a été désignée par la préfecture du Var comme nouveau gestionnaire de ce site emblématique à compter du 1er août 2022 et pour une durée de cinq ans, succédant ainsi au Conseil départemental du Var.

Historique du classement

Dès 1923, à l’occasion du tout premier Congrès international de la protection de la nature à Paris, une motion proposait de créer une réserve de protection dédiée à la tortue d’Hermann, déjà menacée par les incendies et la collecte par des humains. Il faudra attendre les années 1990 et le projet d’implantation d’un centre d’essai de pneumatiques en plein cœur de la plaine des Maures pour relancer le processus de création d’une réserve naturelle. L’acquisition par la société Michelin de 973 ha de terrains en zone naturelle pousse le monde scientifique et associatif à intervenir. Une mobilisation jusqu’au niveau européen conduit l’État à proposer une solution alternative à la société privée, qui accepte de s’implanter sur un autre site. Les terrains deviennent alors la propriété du Conservatoire du littoral qui, pour l’occasion, modifie son statut afin d’inclure dans son périmètre de compétence les rivages lacustres. Après plusieurs années de procédures de concertation menées par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) et d’ajustement du périmètre, le décret n°2009-754 du 23 juin 2009 portant création de la RNNPM est publié au Journal officiel le jour suivant. Signé conjointement par les ministres de l’Écologie et de la Défense, il fixe la réglementation applicable sur la RNNPM.

Une richesse écologique exceptionnelle

La RNNPM a été créée pour protéger une richesse écologique exceptionnelle en France métropolitaine. En l’état des inventaires, on dénombre pas moins de 30 habitats, dont 11 habitats d’intérêt communautaire et 3 prioritaires au titre de la Directive habitats. Cette mosaïque de milieux, composée notamment de suberaies xérophiles (suberaies éparses avec landes et maquis), de suberaies mésophiles (piémont forestier des Maures et vieux peuplements), de cours d’eau permanents et de ripisylves, de dalles rocheuses de grès permien, de mares et ruisseaux temporaires et de pelouses xérophiles, abrite : 58 espèces floristiques protégées, dont certaines endémiques ; 183 espèces faunistiques protégées, dont l’emblématique tortue d’Hermann. Pour autant ce n’est pas un espace isolé. L’homme y vit, y travaille et s’y détend. Agriculture (viticulture essentiellement), exploitation forestière, défense des forêts contre les incendies (DFCI), chasse, pêche, activités de pleine nature, habitats diffus, installation de stockage de déchets du Balançan, golf de Vidauban, circuit automobile du Luc, base de l’Aviation légère de l’Armée de Terre… sont autant d’activités anthropiques situées dans le périmètre de la Réserve ou à proximité immédiate et qu’il est nécessaire d’encadrer afin de concilier enjeux socio-économiques et enjeux environnementaux.


Les mares temporaires, fabriques du vivant

Petits points d’eau d’apparence anodine ou simples cuvettes laissées ici et là par la pluie, les mares temporaires sont en réalité un fantastique creuset de vie. Maternité pour les uns, marché pour les autres, ces mares sont un lieu stratégique où se joue le cycle de la reproduction et la survie de nombreuses espèces. De l’insecte microscopique qui nourrit la larve de libellule, au crapaud qui y pond ses œufs, jusqu’aux oiseaux, tortues et mammifères qui s’y désaltèrent, les mares temporaires sont un maillon essentiel de la biodiversité méditerranéenne, qui nécessite d’être protégé.


La pelouse xérophile, professeur d’économie

Un tapis vert et ras, des myriades de fleurs au printemps prospérant entre les dalles rocheuses comme dans le plus accueillant des jardins ? C’est une pelouse xérophile (xeros = sec) qui sait vivre de fort peu. Une once de terre ou de sable déposée par le vent, quelques gouttes de rosée matinale, voilà qui suffit à ces plantes économes. Petits moyens, grands résultats. Car elles abritent une foule d’insectes, garde-manger du lézard ocellé et d’oiseaux qui constitueront eux-mêmes parfois le déjeuner de la buse ou du circaète Jean-le-Blanc. Le piétinement est un risque majeur pour ces milieux fragiles.

Les suberaies, marqueur d’identité : depuis longtemps exploité par les humains, le chêne liège, tout comme le pin parasol, est un emblème paysager de la plaine des Maures. Résistant au feu, il offre le gîte et le couvert à de nombreuses espèces animales. Une exploitation respectueuse de préconisations environnementales spécifiques permet de maintenir une suberaie en bon état, avec des arbres vigoureux et un écosystème fonctionnel durable.


La tortue d’Hermann, porte drapeau de la délégation des espèces protégées de la Réserve

Espèce très ancienne, elle a survécu aux catastrophes géologiques et aux grandes extinctions. Pourtant, aujourd’hui, au même titre que le lion, l’éléphant ou le rhinocéros, elle est en voie de disparition et fait l’objet du plus haut niveau de protection réglementaire. Urbanisation, fragmentation ou fermeture des espaces naturels, débroussaillement mécanique, écrasement routier, prédation par les chiens, risques sanitaires et génétiques liés au lâcher de tortues captives, prélèvements… sont autant de menaces pour la survie de cette tortue terrestre sauvage.

Pour tous renseignements

Maison de la Réserve naturelle nationale de la plaine des Maures
164 impasse Raoul Glandus
83340 Les Mayons 
rnn.plainedesmaures@snpn.fr