Un patrimoine naturel et archéologique de renommée internationale
L’originalité et l’intérêt patrimonial international de la Réserve naturelle nationale de Camargue réside en premier lieu dans sa superficie protégeant de façon stricte un ensemble continu de plus de 13 200 ha le long d’un littoral Méditerranéen fortement aménagé. Cet ensemble joue un rôle majeur pour les oiseaux lors des migrations, véritable plaque tournante entre l’Europe et l’Afrique.
Par ailleurs, la diversité des habitats et des espèces à la fois animales et végétales qui occupent la réserve en font un lieu d’intérêt de niveau européen et même mondial pour certaines espèces. Le patrimoine archéologique du site, moins connu, est néanmoins tout aussi intéressant et a déjà fait l’objet de recherches scientifiques poussées.
Le patrimoine naturel de la Réserve de Camargue
Les habitats
La Réserve naturelle nationale de Camargue, dont la plus grande partie se situe en Camargue laguno-marine, est un maillage de différents habitats naturels, dont 66 % sont considérés comme des habitats d’intérêts prioritaires par la Directive européenne Habitats-Faune-Flore.
Lagunes et baisses (étangs permanents ou temporaires) : 8 537 ha
Sansouires et prés-salés : 3890 ha
Littoral et dunes littorales : 433 ha
Montilles (anciennes dunes) et pelouses méditerranéennes xériques : 113 ha
Dunes à genévriers de Phénicie : 61 ha
Roselières, marais doux et mares temporaires : 60 ha
Forêts à peupliers blancs et tamaris : 49 ha
Friches : 46 ha
La flore
D’une extraordinaire richesse floristique, la Réserve de Camargue compte 612 espèces végétales, dont 73 présentent un intérêt patrimonial. Parmi elles :
- 14 espèces bénéficient d’une protection nationale, dont :
L’Ail petit Moly
Allium chamaemoly
Le Myosotis ténu
Myosotis pusilla
La Saladelle de Girard
Limonium girardianum
- 20 espèces bénéficient d’une protection régionale en PACA :
Le Lis des sables
Pancratium maritimum
La Ruppie maritime
Ruppia maritima
La Crucianelle maritime
Crucianella maritima
- 7 espèces inscrites sur la Liste rouge nationale, dont :
L’Althénie filiforme
Althenia filiformis
Le Jonc du littoral
Juncus littoralis
- 55 espèces inscrites sur la Liste rouge régionale en PACA, dont :
La Zostère naine
Zostera noltei
La Cresse de Crête
Cressa cretica
La Germandrée des dunes
Teucrium dunense
La Phélypée des sables
Phelipanche arenaria
La faune
La diversité faunistique de la Réserve naturelle nationale de Camargue est tout aussi impressionnante :
- 283 espèces d’oiseaux, dont 23 d’importance internationale sur les 269 d’intérêt patrimonial :
La Spatule blanche
Platalea leucorodia
Le Grèbe à cou noir
Podiceps nigricollis
Le Flamant rose
Phoenicopterus roseus
Le Canard chipeau
Anas strepera
- Plus de 1700 espèces d’insectes et arachnides, dont 38 d’intérêt patrimonial :
La Diane
Zerynthia polyxena
Le Leste à grands stigmas
Lestes macrostigma
La Zygène des prés
Zygaena trifolii
- 36 espèces de poissons, dont 10 d’intérêt patrimonial :
- 7 espèces d’amphibiens, toutes d’intérêt patrimonial :
- 12 espèces de reptiles, dont 11 d’intérêt patrimonial :
- 24 espèces de mammifères, dont 10 d’intérêt patrimonial :
Lapin de garenne
Oryctolagus cuniculus
Le patrimoine archéologique de la Réserve de Camargue
Des fouilles archéologiques réalisées entre 1997 et 2002 par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs, archéologues, géographes et paléo-environnementalistes, ont permis de retracer une partie de la riche histoire du territoire de la Réserve naturelle nationale de Camargue.
Les fouilles se sont concentrées sur des sites bordant le Rhône d’Ulmet, ancien nom donné au moyen-âge à l’un des bras du Rhône longtemps actif en Camargue.
Ces recherches ont mis en évidence une occupation d’un millénaire, des alentours de 500 avant notre ère au VIe siècle, avec notamment la présence d’un village, « la Capelière » du Ve siècle au Ier siècle av. notre ère, d’une ferme, puis d’un port fluvial d’Ulmet entre le Ve et VIe siècle. On peut également noter la présence d’une ancienne abbaye médiévale entre les XIIe et XIVe siècles, « l’abbaye d’Ulmet », construite par les Cisterciens en 1125, qui fut la première des abbayes du sel.
Le village de la Capelière, implanté en milieu difficile car inondable, apparaît au travers de l’analyse des données archéologiques, environnementales ainsi que des ressources agro-pastorales ou halieutiques, comme singulier par la variété et le nombre des produits commerciaux rencontrés.
L’étude des données recueillies permettent d’interpréter cette zone du territoire comme un poste avancé du commerce d’Arles, à faible distance de la mer, non comme un lieu de redistribution, mais comme un regroupement de navigateurs ou passeurs fluviaux, parmi les premiers nautes arlésiens.