Néonicotinoïdes : le Sénat autorise l’utilisation de ces pesticides systémiques
Le Sénat a voté hier soir le retour des néonicotinoïdes en France. Malgré notre courrier écrit avec la Task Force on Systemic Pesticide (groupement de 60 chercheurs) alertant l’ensemble des sénateurs sur la dangerosité de ces pesticides systémiques, tant sur le plan environnemental que santé humaine, la SNPN trouve ce vote inacceptable. Il existe pourtant de nombreuses alternatives non-chimiques qui peuvent prendre effet immédiatement.
La SNPN a fortement milité pour interdire l’utilisation en 2018 des néonicotinoïdes. Ces pesticides sont parmi les plus redoutables jamais synthétisés et dont la nocivité est d’ailleurs bien plus étendue que ne le prétendent certains acteurs de la filière agricole. Les néonicotinoïdes sont employés de manière préventive, c’est-à-dire qu’ils sont utilisés localement même si le besoin n’est ensuite pas avéré. Ils sont épandus, pulvérisés, injectés ou enrobent les semences. Ces pesticides sont dits «systémiques» : ils passent directement dans la sève des végétaux, contaminant toute la plante, et détruisant tous les insectes suceurs, butineurs ou consommateurs.
Seul 2 à 20% du produit enrobant les semences est absorbé par la plante traitée.Le reste s’infiltre dans les sols et les eaux de surface pour les contaminer pendant plusieurs années.
Le 1er septembre 2018, l’interdiction de ces pesticides a pris effet. Aujourd’hui, cette interdiction est remise en cause pour permettre à la filière betterave-éthanol de les utiliser à nouveaux. La SNPN s’oppose fermement à cette dérogation qui met en péril de nombreux insectes, y compris ceux alliés des cultures, alors que des alternatives non chimiques existent.
Les difficultés de la filière betteravière sont grandement liées au système économique et industriel dont elle dépend : la fin en 2017 des quotas de sucre et du prix minimum garanti, ainsi que la surproduction mondiale sont des causes structurelles des difficultés de la filière. C’est à résoudre celles-ci que le gouvernement et le système agro-industriel devraient s’employer, en mettant en oeuvre une réorganisation de la filière vers davantage de qualité.
Attendra-t-on d’être confrontés à des conséquences catastrophiques pour les humains, le reste du vivant et l’environnement pour prendre en urgence une mesure forte, courageuse, ouverte vers le futur et non sur le passé : l’abrogation totale de leur usage ?
Retrouvez l’opinion de la SNPN sur ce sujet en cliquant ci-dessous :