Journée mondiale des éléphants : La SNPN est engagée dans le combat

Lancée en 2012 à l’initiative d’associations, la « journée des éléphants » a pour objectif de sensibiliser la population mondiale sur les menaces qui pèsent sur ces mammifères. Pour la SNPN, c’est l’occasion de revenir sur ses actions majeures dans la protection de l’animal.

La campagne « Amnistie pour les éléphants »

C’est en 1986, avec le soutien de Pierre Pfeffer, zoologiste et administrateur pendant plus de 30 ans de la SNPN, que l’association lance sa campagne « Amnistie pour les éléphants ». Cette campagne part d’un constat : les éléphants d’Afrique subissent un braconnage à l’excès qui contribue fortement à leur déclin. Pour endiguer le massacre et sauver l’espèce, il faut interdire le commerce de l’ivoire à travers le monde.

De 1986 à 1989, la SNPN milite pour inscrire les éléphants d’Afrique à l’Annexe I de la CITES (Convention on International Trade of Endangered Species c’est à dire la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, également nommée Convention de Washington). Ce classement en Annexe I interdit le commerce international des espèces (sauf autorisation dans des conditions exceptionnelles), y compris leurs parties, comme l’ivoire.

La campagne « Amnistie pour les éléphants » récolte plus de 360 000 signatures lors d’une grande pétition mondiale. La SNPN lance également une campagne d’affichage sur les Champs Elysées et dans les couloirs de la RATP. Cette campagne a obtenu une médiatisation retentissante et a permis de faire bouger les lignes.

Une victoire durement gagnée…

En 1990, après trois ans de campagnes acharnées la SNPN peut crier victoire. En effet, les pays membres de la CITES votent et inscrivent l’éléphant d’Afrique à l’Annexe I. L’animal est ainsi fortement protégé. Le marché de l’ivoire s’écroule, puisqu’il n’est plus possible légalement d’alimenter ce marché. Avant l’interdiction, ce furent des centaines de tonnes d’ivoire qui partaient d’Afrique pour l’Europe et l’Asie.

Pendant des années, le nombre d’animaux tués illégalement est alors fortement réduit. En effet le braconnage était fortement lié à l’existence d’un marché officiel de l’ivoire, sur lequel il s’appuyait, comme l’avait bien identifié Pierre Pfeffer.

… mais une victoire de courte durée

Malheureusement, la victoire fut brève. En effet, en 1997, le Botswana, la Namibie et le Zimbabwe, soutenues par l’Afrique du Sud, la Grande-Bretagne et le Japon (amateur d’art sculpté dans de l’ivoire) demandent le reclassement en Annexe II de leurs populations d’éléphants. Ce déclassement permet à ces pays d’exercer à nouveau le commerce de l’ivoire. L’inscription à l’Annexe II implique que l’éléphant d’Afrique ne serait plus une espèce menacée. Ces pays d’Afrique australe mènent donc des actions de lobbying intense et affirment que leurs populations sont abondantes et non menacées. Surtout, qu’elles sont un problème pour les populations locales car elles détruisent les cultures. Sous la pression politique, la CITES accepta de rétrograder les populations d’éléphants d’Afrique du Botswana, de la Namibie et du Zimbabwe en Annexe II en 2000. A partir de là, le commerce illicite de l’ivoire a repris, parallèlement à la réouverture d’un commerce licite, et a triplé en s’accélérant depuis 2007. Ce trafic a atteint un pic en 2011-2013 avec un bénéfice estimé entre 8 et 20 milliards d’euros par an. Comme l’affirmait alors fortement la SNPN en 1997, ce déclassement a bien entrainé une reprise du braconnage des éléphants dans tous les pays d’Afrique, y compris ceux protégées par l’Annexe I. Les commerces, légal et illégal, fonctionnent ensemble.

Le combat de la SNPN a donc été réduit à néant, après seulement dix ans de répit pour l’éléphant.

Où en est-on aujourd’hui ?

La SNPN a maintenu son combat pour reclasser ses populations d’éléphants d’Afrique en Annexe I. Durant les années 2010-2015, elle appelle le gouvernement français pour qu’il réaffirme vigoureusement son soutien à tous les pays d’Afrique qui proposent un moratoire de vingt ans sur le commerce international de l’ivoire. Elle appelle également la Présidence, les gouvernements des Etats de l’Union Européenne, la Commission Européenne et les 191 Etats signataires de la CITES pour qu’ils cessent de tolérer, par complaisance pour l’Afrique australe, un commerce qui se traduit par la destruction irréversible d’un patrimoine appartenant à l’ensemble du continent africain et à l’humanité tout entière.

En 2017, la Chine a interdit la vente et le commerce de l’ivoire. C’est enfin une nouvelle grande victoire pour la sauvegarde du mammifère. Le commerce de l’ivoire chute à nouveau, et avec lui le braconnage de l’éléphant.

 

Braconnage, activité toujours d’actualité

Estimé à quelques deux millions et demi d’individus en 1970, les populations globales d’éléphants d’Afrique sont tombées à près de 400 000 aujourd’hui. Comment interpréter le bilan de la CITES, sachant que l’estimation des populations d’éléphants d’Afrique a été divisée par 6 ou 7 depuis sa signature en 1973. Mais les saisies d’ivoire de contrebande indiquent que près de 25 000 d’entre eux sont encore braconnés chaque année, avec des taux importants en Afrique centrale et de l’ouest. Ce braconnage alimente chaque année le marché asiatique en ivoire, à destination maintenant de la Thaïlande, des Philippines, de la Malaisie et du Vietnam. Au moins 4 millions de défenses d’éléphants ont été exportés depuis le milieu du XIXe siècle, jusqu’à ce que la protestation des scientifiques et des protecteurs de la nature ‒ dont déjà la SNPN ‒ amène, dans les années 1930, les différentes administrations coloniales à interdire la chasse à des fins commerciales.

Il est important de continuer le combat. Aujourd’hui, il faut également s’engager dans les leviers identifiés (la pauvreté dans les zones sources, la corruption, l’instabilité politique et renforcer les lois locales) pour contrer le braconnage et permettre une dynamique positive des populations d’éléphants.

Soutenez la SNPN dans le combat

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Pour aller plus loin :

Système d’information sur le commerce des éléphants de la CITES
Système de suivi à long terme de l’abattage illicite des éléphants (MIKE)