Des zones humides pour les villes de demain : les zones humides, outils d’adaptation des villes au changement climatique

La Journée mondiale des zones humides 2018 met en avant les liens positifs entre villes et zone humides. Parmi les contributions qu’apportent ces milieux à l’espace urbain figure son rôle d’amortisseur climatique.

Des prairies humides contre les crues et les inondations

Les milieux humides tels que les plaines inondables et les prairies humides servent de réservoir naturel d’expansion des crues. Le débordement des cours d’eau dans les zones humides périphériques (mares, bras mort de rivières, etc.) et la rétention d’eau provoquent ainsi une diminution du débit et un étalement dans le temps du débit maximum d’eau, et donc des crues. En outre, la végétation de ces milieux et les sédiments dissipent l’énergie hydraulique, diminuant la vitesse d’écoulement. Ces deux effets réduisent ainsi l’ampleur du phénomène en cas de crue et les risques d’inondation.

 

Rennes (35) aménage actuellement un parc naturel urbain de 30 ha avec des zones humides sur les prairies Saint-Martin, en plein cœur de la ville. Ce parc sert notamment de zone d’expansion des crues et contribue à protéger ainsi la ville des inondations. Capitale de la biodiversité 2016

Des espaces bleus pour rafraîchir la ville

En raison de l’artificialisation des sols et de la couleur sombre du bâti, les villes souffrent de surchauffe par un phénomène appelé « îlot de chaleur urbain ». À Paris
par exemple, cet îlot engendre une augmentation de température moyenne de 2 à 3 °C supérieure en centre-ville par rapport à la campagne environnante. Cette différence de
température peut dépasser les 10 °C ! Outre l’inconfort provoqué par de telles surchauffes, de nombreux effets néfastes sont à regretter sur la santé des populations (canicule de 2003), la durée de vie des matériaux, la consommation d’énergie des équipements de refroidissement et le climat local.

La présence de zones humides permet de rafraîchir localement (et dans un panache de plusieurs kilomètres en cas de vent) les villes, par absorption de la chaleur dans l’eau et la terre humide, ainsi que par évaporation de l’eau contenue dans le sol, les plans d’eau et les plantes. La baisse de température obtenue varie de 0,5 à 3 °C.

Il a par ailleurs été prouvé qu’un réseau de petites zones humides (mares, jardins de pluies, noues en eaux) distribuées dans l’espace urbain apporte un bénéfice thermique
supérieur à une seule grande masse d’eau (canal, réservoir, lac).

La ville de Roanne (42) a rénové la Place des promenades en centre-ville, un espace vert de 3,7 ha avec une zone humide à 3 bassins. Cet espace limite l’îlot de chaleur
de la ville. Concours Capitales de la biodiversité 2015

Une zone humide en plein centre-ville de Roanne. Photo : Ville de Roanne

Des mangroves pour absorber le carbone

Les mangroves et les marais littoraux périurbains sont des champions du stockage du carbone, et donc des fers de lance des villes dans leur lutte contre l’accroissement de l’effet de serre. En effet, ces milieux retiennent le carbone bien plus longtemps que les forêts (jusqu’à des millénaires contre quelques siècles maximum). En outre, en stockant le carbone dans les sédiments qui s’empilent et en continuant de croître dessus, ces milieux littoraux n’atteignent pas de saturation en carbone comme les sols terrestres. Ainsi, bien que constituant une surface bien inférieure aux forêts (moins de 3 %), mangroves et marais littoraux absorbent autant de carbone !*

La commune de Mont-Dore en Nouvelle-Calédonie a mis en place un observatoire des mangroves pour déterminer l’évolution de la capacité de ce milieu à piéger le CO2 dans le contexte du changement climatique, tout en installant la science au cœur de la ville et en renforçant les connaissances des habitants sur cet écosystème. Palme de l’Initiative française sur les récifs coralliens 2015

La nature qu’apporte les zones humides en ville est donc une véritable réponse aux enjeux du changement climatique.

*A blueprint for blue carbon toward an improved understanding of the role of vegetated coastal habitats in sequestering CO2 (Mcleod, 2011) ; Clarifying the role of coastal and marine systems in climate mitigation (Howard, 2017).