Une table ronde à propos des solutions fondées sur la nature
Le thème de la sixième édition de la Fête des mares fait référence à l’importance de la biodiversité des mares et des zones humides, l’importance de préserver ces milieux mais surtout l’importance de ces milieux dans nos vies.
Cette année, lors de la journée de lancement virtuelle
de la FDM, la SNPN organise une table ronde en virtuel sur le thème des
solutions fondées sur la nature (SFN). À cette occasion, l’UICN,
initiateur de la définition des SFN en 2016, le Conservatoire d’Espaces
Naturels Normandie (CEN Normandie), animateur d’un PRAM (programme
régional d’actions en faveur des mares), ainsi que la SNPN échangeront
pour présenter les zones-humides comme étant des solutions fondées sur la
nature.
Pour (re)voir la table ronde cliquez ici.
Les mares (et zones humides) sont des solutions fondées sur la Nature ! Elles relèvent des défis !
Les Solutions fondées sur la Nature sont définies par l’UICN comme
des « actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des
écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de
société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être
humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité”.
Les défis dont il est question sont les défis globaux comme la
lutte contre les changements climatiques, la gestion des risques naturels, la
santé, l’accès à l’eau, la sécurité alimentaire…
À l’émergence du concept de Solutions fondées sur la Nature,
en 2009, ce sont les forêts qui ont été avancées comme une des solutions pour
l’atténuation du changement climatique. Le concept, maintenant reconnu par les
instances de gouvernance au niveau mondial puisqu’il figure même dans les
accords de Paris, met en avant aujourd’hui les multiples services
écosystémiques que peut rendre la nature, que ce soient les arbres et les
forêts, les océans, les prairies, les zones humides, les mares, les sols, etc.
Les zones humides et les mares en sont des éléments encore trop peu considérés, et c’est pourquoi la SNPN a proposé de les mettre en lumière lors de la Fête des mares.
Les
mares et le phénomène du changement climatique
Savez-vous que les mares de fermes stockent dans le monde plus de
carbone organique que l’ensemble des mers et océans de la planète ? En effet, si
l’ensembles des mares de fermes couvrent dans le monde 5 000 fois moins
d’espaces que les océans, elles ont une activité biologique bien plus soutenue,
plus de dix mille fois celle moyenne des mers et des océans. Les températures y
sont plus élevées et les milieux plus riches, permettant une activité
biologique intense, captant le carbone, que ne peuvent atteindre les océans.
Savez-vous qu’une tourbière de 30 cm d’épaisseur stocke plus de
carbone par unité de surface qu’une forêt tropicale primaire ? Alors qu’une
tourbière dégradée peut émettre du CO2, ce qui suffirait à légitimer
leur stricte protection, une tourbière restaurée en stocke et de façon bien
plus efficace et durable qu’une jeune forêt ! En France, le drainage
(assèchement) de tourbières est à l’origine d’une émission de CO2
par an équivalente à 3 millions de voyageurs faisant un aller-retour à New-York
en avion ! C’est aussi l’équivalent de l’empreinte carbone des habitants d’une
ville comme Montpellier ou Bordeaux.
Les mares, l’eau, la sécheresse, les inondations et les crues
L’absorption des eaux l’hiver et
lors des épisodes de crues permet aux milieux humides d’alimenter en eau des
nappes aquifères et des cours d’eau. À ce titre, ils participent à
l’alimentation en eau pour la consommation humaine et aux besoins des activités
agricoles et industrielles. Certaines zones humides peuvent stocker jusqu’à 15
000 m3 d’eau par hectare (= 100 x 100 m), soit 6 piscines olympiques
dans les sols ! Les mares et zones humides peuvent agir comme des tampons ou
des éponges en freinant, absorbant et stockant l’eau, réduisant à la fois les
crues et les inondations.
Ces milieux-là offrent donc un
rôle de d’atténuation des évènement extrêmes, en retardant potentiellement leur
survenue, mais aussi leur durée. Leur présence participe à épargner les
récoltes agricoles d’une sécheresse trop intense, mais aussi à limiter les
risques d’incendie et de détérioration des bâtiments !
Les mares, la santé et le bien-être
Selon de récentes
études, la présence de milieux aquatiques en ville, plus encore s’ils sont
végétalisés, permet la réduction de la nuisance du bruit ambiant (trafic
routier, ventilation), l’amélioration de l’humeur, de l’estime personnelle, l’incitation
à la contemplation, à la formation de l’identité, la régénération spirituelle, la
réduction de la détresse mentale, l’interaction communautaire et le bien-être
social, les activités physiques et donc la lutte contre l’obésité, surtout s’il
y a un pourtour (lac, étang) ou un linéaire (rivière, plage).
L’évaporation de l’eau et
l’évapotranspiration de la végétation des zones humides et des mares en milieu
urbain contribuent à rafraîchir l’air, réduisant localement l’intensité des
canicules, offrant des îlots de fraîcheur. Le rafraîchissement de l’air
localement est de plusieurs degrés (jusqu’à 10) et l’effet rafraîchissant peut
être ressenti jusqu’à 100 mètres.
Mais les îlots de fraîcheur que
constitues les mares n’ont pas qu’un intérêt pour les citadins : partout
la faune et la flore qui subissent les effets de canicules et de sécheresses
peuvent trouver autour des mares (ou dans les mares) des conditions
microclimatiques qui peuvent éventuellement permettre leur survie et éviter
leur disparition. Les mares offrent au vivant une possibilité de résister !
Les mares, des services « bon marchés »
Les zones humides et les mares sont des éléments très actifs pour
l’épuration des eaux, elles sont capables de dépolluer en filtrant, absorbant
et transformant les polluants grâce à leur végétation, à la microfaune et à
leurs bactéries. Par exemple, la Seine, les eaux de pluie ruisselant rapidement
dans le fleuve sont aujourd’hui l’une des quatre grandes causes de la pollution
du fleuve. Des solutions fondées sur la nature sont envisagées pour intercepter
ces pollutions.
Selon la Commission européenne, les bénéfices de la création d’une
zone humide (mares, marais, prairies humides…) en amont d’une ville pourraient
être 3 à 6 fois supérieurs aux coûts que celle-ci suppose. Les mares
participent aussi à l’approvisionnement et la production alimentaire, quelles
soient des mares-abreuvoirs pour les animaux d’élevages ou le gibier ou des
sources d’eau pour les jardiniers. Même les abeilles mellifères viennent y boire
en nombre !
En outre, les
mares peuvent cumuler les types de services rendus !
Maintenir des mares, nombreuses et
en bon état écologique, c’est aussi préserver des écosystèmes fonctionnels, un
réseau du vivant résistant et résilient, une biodiversité.