Quelles leçons tirer de la mort de l’orque et du béluga découverts dans la Seine ?

L’orque (ici, en Patagonie) s’approche fréquemment des côtes, mais il est anormal qu’un individu isolé séjourne longuement dans l’embouchure d’un fleuve. Photo : François Moutou

Texte : François Moutou Texte publié initialement dans Le Courrier de la Nature n° 334, septembre-octobre 2022 Le décès d’une orque (Orcinus orca) fin mai 2022, puis l’euthanasie d’un béluga (Delphinapterus leucas) au début du mois d’août, moins de trois mois plus tard, tous deux venus mourir dans le cours inférieur de la Seine, interrogent. Même si les deux évènements diffèrent sur plusieurs points, ils ont posé un certain nombre de questions pratiques proches, en particulier autour de la gestion d’une telle situation, très inhabituelle. Repéré une première fois le 17 mai près du pont de Normandie, l’orque est restée dans la partie basse du fleuve jusqu’à sa mort. Malgré quelques tentatives pour lui faire rebrousser chemin et repartir en mer, elle n’a pas quitté la Seine. Les images montraient un animal au comportement surprenant, certainement en difficulté, mais pour une cause non encore élucidée. La nageoire dorsale, penchée (comme souvent chez les animaux captifs), signait probablement ce mauvais état général. Son corps sans vie a été trouvé le 30 mai. L’autopsie pratiquée le lendemain au bord du fleuve a confirmé la dégradation de son organisme, une absence d’alimentation depuis probablement quelques semaines, mais sans qu’il soit possible à ce stade de trouver une cause initiale à ce processus évolutif (communiqué de presse du Muséum national d’histoire naturelle du 14 juin et celui de la préfecture de Seine-Maritime du 6 juillet 2022). Des examens complémentaires sont en cours mais les résultats ne sont pas encore connus à la fin du mois d’août. Une munition a été trouvée à l’arrière de la tête lors de la préparation ostéologique du crâne mais elle ne serait pas à l’origine de l’enchainement ayant conduit à la mort de l’animal. Le tir du projectile pourrait dater d’avant l’entrée de l’orque dans la Seine. Il s’agissait d’une femelle immature de 4,26 m de long et pesant 1 100 kg. Le béluga a été repéré une première fois le 2 août. Il est remonté beaucoup plus en amont dans la Seine que l’orque, atteignant Saint-Pierre-la-Garenne (Eure) et l’écluse de Notre-Dame-de-la-Garenne, à environ 70 km de Paris. À nouveau, une importante mobilisation a suivi cette présence. Il a été décidé de capturer l’animal dans l’écluse le 9 août pour le conduire par la route au port de Ouistreham (Calvados) où un bassin était mis à disposition. Le projet était de le soigner avant de le laisser […]

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