L’Union Européenne se loupe : la mobilisation de la SNPN pour éviter l’abaissement du niveau de protection du loup.

Le loup gris (Canis lupus), autrefois largement persécuté et réduit à de petites populations fragmentées en Europe, a vu son statut considérablement renforcé grâce à la Directive Habitats de 1992. Cette législation européenne classe le loup parmi les espèces « strictement protégées » (Annexe IV), lui interdisant toute forme de capture, de chasse ou de perturbation intentionnelle dans la plupart des États membres.

Cette protection a permis un retour progressif de l’espèce dans plusieurs régions, contribuant à la restauration des écosystèmes forestiers grâce à son rôle clé dans la régulation des populations d’herbivores. Cependant, ce retour reste fragile : six des neuf populations de loups en Europe sont encore classées comme vulnérables ou quasi menacées par l’UICN. En 2023, sous la pression de certains États membres et groupes d’intérêt, une révision controversée de ce statut a été initiée, visant à transférer le loup à l’Annexe V de la directive, qui permet une gestion plus flexible et autorise notamment des tirs létaux.

Les étapes de la mobilisation de la SNPN

  1. Septembre 2024 : Appel à l’unité pour protéger le loup La SNPN, aux côtés de plus de 300 organisations environnementales, a exhorté les États membres de l’Union européenne à rejeter tout texte visant à abaisser la protection du loup. Elle a rappelé que cette espèce joue un rôle essentiel dans la régulation des écosystèmes et que l’affaiblissement de sa protection irait à l’encontre des engagements européens pour la biodiversité. Une pétition a été partagée, intitulée « Non à la chasse au loup en Europe ! ».
  2. Octobre 2024 : Une tribune pour le maintien de la protection La SNPN, via une tribune dans Le Monde, a plaidé pour des mesures de cohabitation avec le loup plutôt que l’augmentation des tirs létaux, inefficaces selon les données scientifiques. Elle a mis en avant des exemples positifs dans les Alpes, où des dispositifs de protection des troupeaux ont permis une cohabitation réussie.
  3. Novembre 2024 : Opposition à une décision politique La décision d’abaisser le niveau de protection du loup a été qualifiée de « coup de massue » par la SNPN, qui déplore une approche court-termiste et non scientifique. L’association a souligné que cette décision pourrait provoquer des effets inverses, tels qu’une augmentation des prédations sur les élevages en raison de la désorganisation des meutes.
  4. Décembre 2023 : Une décision vivement critiquée Lors du vote du Comité permanent de la Convention de Berne, la SNPN a dénoncé une décision « politique et dénuée de fondements scientifiques », mettant en péril des décennies d’efforts pour restaurer la biodiversité. La SNPN, dans un communiqué commun avec un collectif d’associations environnementales, a souligné l’importance d’une approche basée sur la science pour renforcer la coexistence entre humains et faune sauvage.

L’abaissement du niveau de protection du loup résulte d’une pression accrue des États membres confrontés à des conflits avec le secteur agricole. Cette décision a été adoptée malgré les recommandations de scientifiques et d’associations, et en opposition à la position de nombreux acteurs institutionnels, tels que le Comité français de l’UICN et le Bureau européen de l’environnement. L’abaissement du niveau de protection du loup risque d’avoir des répercussions majeures, tant écologiques que sociales. En perturbant les meutes, cette décision pourrait augmenter les prédations sur les élevages, car les loups solitaires, privés de leur structure sociale, s’attaquent davantage au bétail que les meutes organisées, qui privilégient des proies sauvages. En outre, elle fragilise la dynamique de restauration de la biodiversité, dont le loup est un acteur clé, et exacerbe les tensions entre agriculteurs et défenseurs de la faune. La SNPN, convaincue qu’une coexistence harmonieuse est possible, appelle à des politiques basées sur la science et au renforcement du dialogue entre toutes les parties prenantes. L’association poursuivra ses efforts pour sensibiliser le public et promouvoir des solutions durables conciliant agriculture, protection des écosystèmes et préservation de la biodiversité.

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