L’ADN fossile, une machine à remonter le temps

Photo : Annelies Geneyn/Unsplash

Ludovic Orlando

Odile Jacob. 2021. 256 pages. 22,90 €.

Texte : François Moutou

Texte publié initialement dans Le Courrier de la Nature n° 332, janvier-février 2022

Le métier de paléogénéticien n’est pas encore très connu, ni très développé, mais il ouvre un regard extraordinaire sur l’histoire récente de la vie sur Terre. Le principe est simple (du moins à écrire) : il s’agit de traquer l’ADN encore présent dans des fossiles d’animaux et de plantes puis de le comparer à celui des espèces proches encore présentes. L’auteur, directeur de recherche au CNRS, dirige un centre d’anthropologie à Toulouse et est un des spécialistes reconnus de cette discipline. Les outils dédiés se sont développés ces trente dernières années. À l’époque toute récente où ce livre a été rédigé, le plus ancien séquençage réussi avait 700 000 ans, ce qui est considérable et semblait inimaginable il y a encore peu de temps. Le « record » dépasse déjà un million d’années (il s’agit du génome d’un mammouth laineux) début 2021. L’apparition d’Homo sapiens est estimée à 300 000 ans. Il est donc désormais possible de comparer l’ADN des humains modernes avec ceux des humains anciens et des autres espèces d’hominiens qui les ont précédés, comme les néandertaliens ou les dénisoviens. L’ADN a parlé : nous nous sommes hybridés. Une autre question abordée dans ce livre est celle de l’origine du cheval domestique, dont l’ancêtre sauvage n’est pas encore clairement connu. Les résultats déjà publiés par Ludovic Orlando dans des articles scientifiques sont largement repris et expliqués ici. Le cheval de Przewalski, considéré jusque-là comme le dernier cheval sauvage, est en fait le témoin d’une première domestication qui a tourné court. Ces chevaux domestiqués sont repartis vivre à l’état sauvage et sont décrits sous le nom de chevaux de Przewalski. Tous les chevaux domestiques d’aujourd’hui procèdent d’une domestication ultérieure à partir d’une population sauvage qui reste encore à identifier, et qui s’est éteinte depuis. Et les applications des outils de paléogénétique vont encore bien au-delà, comme vers la paléoépidémiologie. Un sujet et un ouvrage passionnants.

L’ADN fossile, une machine à remonter le temps.

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