Titulaire de la chaire d’anatomie à l’école vétérinaire d’Alfort de 1926 à 1934 ; directeur de l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort (1934-1957) ; secrétaire général de la conférence de Fontainebleau créant l’UICN en 1948 ; membre du CNPN depuis sa création en 1946 ; président du comité permanent du CNPN jusqu’en 1977 ; membre du conseil d’administration et du conseil scientifique des parcs nationaux de la Vanoise, de Port-Cros, des Pyrénées et des Cévennes ; directeur général des réserves de la Société Nationale d’Acclimatation (devenue SNPN).

À côté d’une brillante carrière de vétérinaire anatomiste, il s’engage dans la protection de la nature à partir des années 1920 en s’investissant fortement à la Société Nationale d’Acclimatation (SNA). En 1927, il est l’un des principaux artisans de la création de la réserve de Camargue, qui constitue son premier combat pour la protection de la nature. Pendant toute sa carrière, il en est le délégué attitré, s’occupant de sa situation tant scientifique qu’administrative et financière. Il est de manière générale un fervent partisan de la création des réserves, qu’il conçoit comme des « musées naturels d’histoire naturelle » et intervient en particulier dans la création des réserves naturelles de Néouvielle (1935) et du Lauzanier (1936).

Donner à la France une place dans l’action internationale pour la protection de la nature

Clément Bressou, alors secrétaire général de la SNA, apparaît sur la scène internationale lors du deuxième congrès international pour la protection de la nature en 1931 à Paris. Il participe en tant que secrétaire-général adjoint du bureau français du Congrès à la préparation de ce dernier.

À la sortie de la seconde guerre mondiale, il contribue au processus d’internationalisation du mouvement de protection de la nature. Les voyages qu’il a effectués en Afrique, notamment en Mauritanie, l’ont persuadé que les activités humaines y provoquent « la dégradation des complexes naturels plus rapidement et plus largement que dans les climats tempérés. » [1] La part de construction de l’UICN qui revient à la France et à son gouvernement (la SNA, dont il est l’un des piliers, préside l’UICN à ses débuts) tient en grande partie à son engagement.

Son intervention à la deuxième conférence de l’UICN à Bruxelles, en 1950, sur la mise en place d’une collaboration internationale pour la réserve naturelle de Camargue, est favorablement accueillie par les participants. Avec la création d’un groupement international des Amis de la réserve de Camargue, la Camargue fait alors office d’expérimentation d’une formule de collaboration internationale susceptible d’être étendue à d’autres territoires protégés. Clément Bressou continue par la suite à participer aux réunions majeures de l’UICN et contribue à l’effort de conception et de définition des différents outils de protection de la nature.

Parallèlement à son rôle dans les instances internationales de protection de la nature, Clément Bressou est très impliqué en France même. Il est membre du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) dès sa création, en 1946, et préside son Comité Permanent jusqu’en 1977. Il donne un avis favorable à la loi de 1960 sur les parcs nationaux en France et participe activement à la création du premier d’entre eux, le Parc national de la Vanoise. Il s’implique à fond dans la vie de ce dernier, devenant membre de son conseil d’administration et de son conseil scientifique.

Une foi dans la science

Il participe au colloque du 11 au 13 mai 1962 qui annonce la création du parc national de Port-Cros. Il est membre du conseil d’administration et du conseil scientifique des parcs nationaux des Pyrénées, de Port-Cros et des Cévennes où, comme en Vanoise, il représente le CNPN. Il est nommé expert dans une étude du CNPN sur le projet du futur parc du Mercantour en 1971.

L’ouverture aux activités humaines

Clément Bressou est en outre un des premiers scientifiques à appuyer favorablement la création du parc national des Cévennes, qui lui paraît ouvrir de nouvelles perspectives à la conception de la protection de la nature : « Les travaux préparatoires à la création du parc national des Cévennes paraissent donc être à l’origine d’une évolution doctrinale particulièrement intéressante, allant dans le sens d’une libéralisation des idées et principes antérieurement reçus. Elle procède d’une conception humaniste de l’utilisation des richesses naturelles et mérite — la chose n’étant pas si courante —d’être soulignée ». Il voit également d’un bon œil l’apparition de la formule des parcs naturels régionaux proposée par la DATAR, après les contestations subies par les parcs nationaux. Il apprécie la grande souplesse d’un outil qui vise à la fois le développement des activités rurales et la protection de la nature.

À ce stade de son parcours, il est pleinement conscient de l’intérêt de recourir à une panoplie d’outils pour la protection de la nature, de la réserve naturelle au parc national en passant par le parc naturel régional. Simultanément, il estime nécessaire de rationaliser et de mettre en ordre des initiatives de protection dont il observe la prolifération selon des conceptions diverses, parfois même opposées, et dont il craint qu’elles ne suscitent la méfiance du grand public. Son engagement particulièrement précoce et long (de la sortie de la Première Guerre mondiale à la fin des années 1970) en faveur de la protection de la nature s’est déployé du niveau local au niveau global. Il a contribué à la constitution d’un grand nombre d’institutions et d’outils de protection de la nature. Prudent et prêt à la discussion en amont des décisions de protection et ferme ensuite, Clément Bressou a marqué de nombreux avis rendus en matière de protection de la nature, notamment par le CNPN. Au fil des victoires et des difficultés, sa conception a sensiblement évolué vers une ouverture à une diversité d’outils adaptés aux situations locales et une vision plus humaniste de la protection de la nature. L’idée d’hostilité à l’homme que certains ont retenue de lui demande ainsi à être nuancée.

Extrait de l’article publié sur le site de l’AHPNE (voir la version complète ici)