Christian Jouanin était pharmacien, mais pour nous il était surtout un éminent naturaliste et en premier lieu un ornithologiste de renom. A l’âge de 15 ans, il commença à travailler pour le Muséum national d’histoire naturelle et fut formé par le Pr Jacques Berlioz qui dirigeait alors le Laboratoire d’Ornithologie. Si, grâce à ce dernier, il devint l’un des spécialistes mondiaux des colibris, il s’intéressa tout aussi passionnément aux oiseaux de mer. Il décrivit plusieurs espèces nouvelles (notamment dans les Mascareignes, qu’il affectionnait particulièrement) : le Pétrel de Jouanin, le Francolin de Somalie, le Héron Blanc du Banc d’Arguin…
Avec Francis Roux, Jean-Louis Mougin (et parfois le Pr Théodore Monod), il mena des travaux à long terme sur la biologie de la reproduction et la démographie des populations de Puffin cendré dans les Iles Salvages.
Il s’intéressa activement aux zones humides et à leur avifaune, et lança avec Michel-Hervé Julien les premiers inventaires des héronnières en France et le suivi de leurs populations. En 1965, il participa au Projet MAR qui aboutit à la Convention de Ramsar en faveur des zones humides. Dans ce cadre, on lui confia la direction du Bureau MAR.
Il devint à ce moment administrateur de la Société nationale de protection de la nature. De 1967 à 2011, Christian Jouanin fut successivement secrétaire général, président et vice-président de la SNPN. Durant toute cette période il assura les fonctions de directeur de la revue Le Courrier de la Nature. Après le décès du Pr François Bourlière, en 1993, il collabora étroitement avec le Pr Christian Erard à la rédaction de la Revue d’Ecologie – La Terre et la Vie.
Christian Jouanin s’impliqua dans bien d’autres associations naturalistes ou de conservation de la nature : le Congrès ornithologique international, dès 1954 ; la Société ornithologique de France, dont il fut président ; la Ligue pour la protection des Oiseaux, dont il fut administrateur ; la Fédération française des sociétés de la nature (France nature environnement) dont il fut un des membres fondateurs ; l’Union internationale pour la conservation de la nature, dont il fut le vice-président…
D’autres associations ou institutions mobilisèrent son énergie : l’Académie de pharmacie dont il fut vice-président, la Société des amis de Malmaison… Il était aussi un excellent botaniste et il maîtrisait à la perfection la langue française.
Christian Jouanin fut le digne héritier des grands savants naturalistes tels qu’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, fondateur de la SNPN. Ses qualités et compétences lui valurent une notoriété internationale, malgré sa modestie et sa discrétion qui n’avaient d’égales que son extrême courtoisie et sa grande humanité.