Texte : Alexia Pasquarelli, stagiaire ONF au Réseau naturaliste mycologie de l’ONF, étudiante en 3e année de Bachelor gestion et valorisation naturaliste, Gérald Gruhn, animateur du Réseau naturaliste mycologie de l’ONF, expert national MAA spécialiste des corticiés et secrétaire général de l’association les Aphyllophiles, Yann Sellier, responsable scientifique à la RNN du Pinail (GEREPI), membre du conseil d’administration de la Société mycologique de France, vice-président de la Société mycologique du Poitou, coanimateur du groupe de travail cryptoflore à Réserves naturelles de France, membre du conseil d’administration de la Fédération des associations mycologiques de l’Ouest Texte initialement publié dans Le Courrier de la Nature n° 334, septembre-octobre 2022 À ce jour, plusieurs guides existent à l’attention des gestionnaires d’espaces naturels pour prendre en compte les enjeux environnementaux, concernant le minéral, le végétal et l’animal. Malheureusement, un tel ouvrage manquait jusqu’à présent pour la fonge. Du fait de la complexité des groupes taxonomiques et du manque d’outils réglementaires ou techniques, les champignons ont été souvent les grands oubliés dans la gestion des espaces naturels, dans les pratiques et politiques environnementales. Avec la parution en 2021 d’un cahier technique sur la prise en compte de la fonge dans les espaces naturels, les mycologues comblent donc une lacune et présentent des enjeux de conservation jusqu’alors ignorés. Ce guide a été rédigé par 18 spécialistes provenant du monde associatif, institutionnel et universitaire, issus d’organismes eux-mêmes gestionnaires d’espaces naturels tels que les Réserves naturelles de France (RNF), le Conservatoire botanique des Pyrénées et Midi-Pyrénées et l’Office national des forêts (ONF). Construit comme une boite à outils, il aborde la biologie et l’écologie de la fonge, liste les contacts des partenaires mycologues et les formations au monde des champignons, présente les méthodes d’études (inventaires, suivis), donne des directives de gestion par milieu et traite de l’importance de la prise en compte de la fonge dans les milieux naturels. Protéger les champignons : un enjeu pour la biodiversité Les champignons présentent un grand intérêt du fait de leur potentiel de bioindication d’un milieu. Élément-clé pour l’évaluation de l’état de conservation de nombreux espaces naturels, la fonge peut ainsi contribuer à aider les gestionnaires à estimer l’intérêt patrimonial de leur site, l’état de conservation des habitats, l’impact des modes de gestion et à détecter les processus biotiques et abiotiques présents ou passés. Les champignons : un règne complexe Les champignons (mot issu du latin campaniolus signifiant « qui pousse dans les champs ») forment un règne indépendant, très diversifié et complexe. S’ils ont longtemps été associés aux végétaux, on sait aujourd’hui, grâce à la génétique, que les fungi sont plus proches des animaux que des plantes. Ils se définissent par sept caractéristiques principales. Ils […]