Génétique : Deux cas de parthénogenèse chez le condor de Californie

Un condor de Californie planant au-dessus de la forêt nationale de Los Padres, en Californie. Photo : Pacific Southwest Region U.S. Fish and Wildlife Service/CC BY 2.0

Texte : Bertrand Bed’Hom, professeur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité, Muséum national d’histoire naturelle Texte publié initialement dans Le Courrier de la Nature n° 332, janvier-février 2022 Le condor de Californie (Gymnogyps californianus) est passé très proche de l’extinction ! En 1982, il n’en restait que vingt à l’état sauvage, et plus que neuf en 1985. Il fut alors décidé de capturer ces neuf derniers individus sauvages pour un programme de sauvetage basé sur la reproduction en captivité, coordonné par l’U.S. Fish and Wildlife Service. À partir de 27 animaux seulement lors du début du programme en 1987, ce fut un succès : les premiers condors nés en captivité furent relâchés en 1992. De 1987 à 1992, l’espèce fut donc éteinte dans la nature. L’effectif total de l’espèce compte actuellement plus de 500 oiseaux (plus de 300 libres, et environ 200 en captivité). Le condor de Californie Le condor de Californie (Gymnogyps californianus) est un oiseau nécrophage de grande taille (envergure de près de 3 m, poids d’environ 10 kg) qui appartient au groupe des vautours du continent américain. Alors qu’il était autrefois présent dans toute l’Amérique du Nord, sa distribution s’est d’abord réduite au sud-ouest américain après la fin de la dernière période glaciaire (il y a 12 000 ans), puis uniquement au sud californien durant le XXe siècle à cause de la forte pression anthropique (chasse, empoisonnement, disparition des proies). Une surprise génétique Des analyses génétiques ont été conduites dans le cadre de ce programme de reproduction pour identifier le sexe des poussins, confirmer leur parenté, et effectuer des études de génétique des populations. C’est dans le contexte de ces analyses de routine, parfois réalisées assez longtemps après les prélèvements, que des résultats étonnants ont été trouvés : deux individus mâles semblent issus de parthénogenèse, c’est-à-dire qu’ils se seraient développés à partir d’un œuf non fécondé, sans contribution génétique paternelle. En effet, les génotypes de ces deux […]

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