Études d’impact : Mieux évaluer les enjeux autour des arthropodes terrestres

Texte : Étienne Iorio, bureau d’étude Écologie & territoires (ECOTER) François Dusoulier, Direction générale déléguée aux collections, Muséum national d’histoire naturelle Fabien Soldati, Office national des forêts, Laboratoire national d’entomologie forestière Franck Noël, invertébriste indépendant Stéphane Chemin, bureau d’étude ECOTER Julien Touroult, PatriNat (OFB-CNRS-MNHN) Texte initialement publié dans Le Courrier de la Nature n° 333, mars-avril 2022 Un projet d’aménagement qui, selon sa dimension ou sa localisation, peut avoir des incidences sur l’environnement, doit faire l’objet d’une étude d’impact. Dans ce cadre, l’aménageur doit analyser les incidences notables sur la biodiversité (Article L. 122-1 du Code de l’environnement). Cette analyse suit des étapes que l’on appelle la séquence « ERC » : éviter, réduire, compenser (Article R. 122-5 du Code de l’environnement, voir n° 307, p. 41 à 45 et n° 315, p. 40 à 45). Bien que l’attention doive être portée en priorité sur les espèces et les habitats réglementés, les impacts du projet sur l’ensemble des enjeux de biodiversité devraient théoriquement aussi être analysés. Les arthropodes constituent le phylum le plus diversifié du règne animal : environ 47 000 espèces en France métropolitaine d’après l’inventaire national du patrimoine naturel (INPN), assurant de nombreuses fonctions écologiques essentielles, comme la décomposition ou la pollinisation. Parmi cette diversité, seulement 0,3 % des espèces sont protégées. Cette proportion est très faible en comparaison des vertébrés, dont la majorité des espèces est protégée. Il est donc apparu utile de réaliser un état des lieux sur la manière dont les arthropodes terrestres sont réellement pris en compte dans les études d’impact. Pour cela, des scientifiques ont analysé le contenu de 50 études récentes, ce qui a permis d’identifier les caractéristiques et les enjeux de conservation des arthropodes terrestres, en utilisant une sélection de groupes d’espèces ayant des avantages pratiques (richesse spécifique modérée, existence de clefs d’identification, données accessibles en ligne) et scientifiques (exigences écologiques bien connues, capacités indicatrices de conditions des habitats). Ils ont ensuite confronté l’ensemble pour vérifier si les espèces d’arthropodes à forts enjeux de conservation pouvaient être correctement évaluées en l’état actuel. Les grands absents des études d’impact Ces analyses ont mis en évidence que seuls trois groupes d’insectes sont régulièrement étudiés dans les études d’impact : les papillons diurnes (rhopalocères et Zygaenidae du genre Zygaena), les libellules (odonates) et les criquets, grillons et sauterelles (orthoptères). Une « entité réglementaire » apparaît ensuite puisque quelques coléoptères à enjeux réglementaires (protégés au niveau national ou européen), essentielle- ment le grand capricorne (Cerambyx cerdo) et le lucane cerf-volant (Lucanus cervus), sont pris en considération. Plus rarement, les ascalaphes (névroptères Ascalaphidae) sont aussi étudiés dans […]
Accès restreint
Ce contenu est réservé aux abonnés du magazine Courrier de la Nature