Phase travaux : Creuser et imperméabiliser sa mare

 

A quel moment lancer les travaux ?

Les travaux de création sont à mener de préférence durant la période la plus froide et sèche de l’année. Un sol gelé sera moins tassé par les engins de chantier et la faune sera moins dérangée. Mais si le travail se fait à la main (à la pelle), un sol gelé ou un sol très sec sera trop dur à creuser. À défaut, travailler après fin août jusqu’à fin octobre suivant les régions, avant les périodes plus humides durant lesquelles la mare pourra se remplir naturellement.

Au besoin prévoir un accès spécifique pour les engins, temporairement protégé (dépôts de géotextile de protection par exemple). Utiliser du matériel adapté aux sols, pour éviter le tassement ou la dégradation des écoulements d’eau.

 

Commencer le chantier : quelques précautions à prendre

Le cas échéant, attention de ne pas percer la couche d’argile*, qui peut être fine. Compacter le fond de la mare avec les outils, le godet de la pelleteuse, vos pieds (et ceux de vos amis qui viendront vous aider !) et enlever les gros cailloux qui apparaissent. Cette étape est souvent plus importante qu’il n’y parait pour assurer une bonne retenue de l’eau. Historiquement, dans certaines régions, la création de mare et le travail de la glaise était l’occasion d’un projet collectif, entre voisins.

Ne pas déposer les rémanents* dans les zones humides ou inondables et définir la zone de régalage* avant de commencer le chantier. La première couche superficielle est la plus riche en humus et contient de nombreuses graines : elle pourra être utilisée pour les aménagements autour de la mare. Bien travailler la forme, en étant attentif aux bourrelets de curage* qui peuvent se former sur le pourtour du trou et qui peuvent dégrader le fonctionnement hydrologique prévu, les eaux de ruissellement faisant le tour ! La terre extraite peut servir à renforcer les berges, à créer un petit talus drainant l’eau de ruissellement vers la mare…

Dans le cas d’un sol trop drainant, une imperméabilisation doit être envisagée, sauf dans le cas de mares alimentées par des eaux souterraines.

L’utilisation d’argile*, disposée au fond de la mare sur au moins 30 cm d’épaisseur et bien tassée (ou projetée) est une solution classique assez naturelle, mais souvent incertaine (compactage difficile, résultats souvent décevants). L’utilisation d’argile commercialisée (bentonite) est une option également, que ce soit en vrac ou en matelas géocomposite. Il est cependant également souvent difficile d’avoir une étanchéité satisfaisante, en particulier sur les sols très sableux. Mieux vaut réserver ces techniques sur des sols déjà limono-argileux*, pour renforcer une étanchéité un peu insuffisante. Sur les sols sableux et sablo-limoneux*, ou sur les sols calcaires fissurés et instables, une membrane est à privilégier. Attention, une imperméabilisation par une bâche n’est pas possible lorsque la mare est également alimentée par des eaux de nappes. La pression de l’eau souterraine sur la bâche entrainera un gonflement de celle-ci.

 

Poser une bâche : comment faire ?

Si la pose d’une bâche est loin d’être une technique naturelle, elle est cependant très efficace.

Le matériau à privilégier est l’EPDM, souple et assez solide, qui ne relargue pas de substances toxiques et a une durée de vie intéressante, surtout si elle est bien recouverte et non exposée au soleil. Son épaisseur minimale sera de 2 mm.  Ne pas utiliser de PVC, de rouleau bitumé, d’enduit, de colles et tous autres produits susceptibles de relarguer des substances nocives, ou vieillissant mal. Les bâches plus fines risquent de se déchirer ou se percer.

Poser successivement un lit de sable, une géomembrane protectrice, la bâche, une couche d’environ 10 cm de sable de rivière ou de la terre faiblement organique, voire de la fibre de coco agrafée sur les rives qui assurera un fonctionnement durable, en particulier si les rives sont en pente douce, évitant aux matériaux recouvrant la bâche de finir par glisser dans la mare. La présence de paliers limite également le risque d’avoir un glissement des matériaux, mais aussi de la bâche elle-même. Un grillage à poule peut être placé sous la bâche pour éviter sa perforation par des rongeurs. Ne pas oublier de tenir compte de toutes ces épaisseurs lorsque vous creuserez la mare !

Si c’est le bassin entier qui est à bâcher, les dimensions de bâche à prévoir sont celles de la surface de la mare, majorée de deux fois la profondeur pour chaque côté à laquelle on rajoutera quelques dizaines de centimètres de marge. Les bords de la bâche sont à enfouir par exemple dans une tranchée. Attention, ce n’est qu’une fois la mare remplie que la bâche se positionnera naturellement dans sa position définitive. Evitez par conséquent de couper les marges de la bâche ou de les arrimer avant que le tout ne soit stabilisé. Soyez patient !

L’imperméabilisation peut n’être réalisée que sur la partie centrale, plus profonde, laissant des berges inondables avec un pourtour formant une zone de débordement où s’installera une flore particulière. Cette partie centrale dont le maintien en eau est garanti permettra à la faune aquatique (larves d’amphibiens, d’insectes aquatiques) de survivre jusqu’à leur métamorphose. On veillera à ce que ce point bas collecte bien les animaux de la mare au fur et à mesure de l’assèchement et que ceux-ci ne puissent se retrouver piégés dans les flaques temporaires.

 

Exemple de mare bâchée mal conçue : les pentes sont trop fortes d’un côté, le recouvrement sableux a disparu à plusieurs endroits et la bâche va se dégrader. Petite et peu profonde, elle a rapidement été envahie par la végétation et les algues vertes. Un entretien est nécessaire. Photo C. Eggert

 

Point de vigilance

  • Eviter l’apport de matériaux provenant de site avec des espèces exotiques envahissantes
  • Eviter d’importer des terres contaminées
  • En cas d’utilisation de matériaux décoratifs, utiliser des matériaux neutres non traités (pas de traverses de chemin de fer anciennes traitées au créosote !)
  • Eviter de diffuser des particules fines (boues, argiles) dans les systèmes aquatiques à proximité
  • Sensibiliser le maitre d’œuvre* et les ouvriers présents à vos exigences
  • Vérifier le niveau des berges, le point le plus bas déterminera le niveau maximal d’eau dans la mare
  • Si la mare risque de se remplir immédiatement durant la phase travaux, commencer par creuser la partie centrale les plus profondes et agrandir la mare progressivement par le pourtour
  • Des relevés photographiques durant les différentes phases pourront servir d’archives

 

Chantier en cours de création d’une mare. Un premier niveau a été creusé, puis une fosse pour rechercher la couche naturelle d’argile imperméable et déterminer quelle technique le projet devra mettre en œuvre. Photo C. Eggert

 

Pour l’aménagement d’une mare avec une imperméabilisation bétonnée, voir le guide suisse en cliquant ici. 

Créer une mare temporaire est une option pouvant avoir un intérêt particulier. Nous vous conseillons la lecture du guide Suisse de Pro-Natura en cliquant ici.

 

 

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