Le comptage des grues : une mission hivernale de la réserve de Camargue

Chaque hiver, les équipes de la réserve naturelle nationale de Camargue comptent les grues cendrées dans leur dortoir de leur site d’hivernation. Elles arrivent du nord de l’Europe et descendent dans le sud de la France à la recherche de la nourriture plus abondante.

Une mission de terrain réalisée à l’aube

Les grues se rassemblent la nuit à différents endroits en Camargue, notamment dans la réserve naturelle nationale de Camargue, pour passer la nuit. Elles privilégient les marais et étangs éloignés des routes où elles ne sont pas dérangées.

Ces endroits sont recensés plusieurs semaines à l’avance pour définir les lieux où le comptage devra être effectué. L’orientation de leur vol est également observée pour éviter un double comptage avec les équipes de la Tour du Valat qui participent à ce relevé sur leur espace.

Pour éviter de perturber au maximum les animaux, les équipes sont dissimulées au sol. Une équipe compte à partir d’un observatoire. Ce dispositif présente l’avantage de mieux voir les grues et donc de les compter plus facilement.

Photo © Silke Befeld / SNPN Camargue

C’est ainsi que mardi 12 janvier, les équipes se sont positionnées dès 7h du matin. Il ne fait que -1 °C mais le mistral souffle à 60 km/h et donne l’impression qu’il fait bien plus froid.

Trois équipes de deux personnes se mettent en place dans des emplacements différents afin d’en compter le plus grand nombre. Les grues commencent à quitter leur dortoir vers 7h41 et le comptage peut commencer.

Concentration et rapidité

Les animaux sont comptés lorsqu’ils sont en vol car ils sont plus visibles que lorsqu’ils sont au sol. Un à un, les équipes comptent le nombre d’individus. Pour faciliter leur démarche, les équipes mettent en place plusieurs techniques (comptage par lots, pattern ou portion découvrez toutes les techniques ici).

C’est ainsi que sur le dortoir d’Amphise, 3 552 grues ont été estimées. La Tour du Valat centralise les informations et les transmet au réseau national « Réseau Grues de France » géré par la LPO.

Photo © Silke Befeld / SNPN Camargue

La grue cendrée, un oiseau migrateur en Europe

Avec une envergure de plus de deux mètres et un poids de 4 à 6 kg, la grue cendrée Grus grus est l’un des plus grands oiseaux d’Europe.

Son aire de répartition s’étend de l’Europe occidentale à la Russie orientale. Environ 360 000 individus transitent chaque année en France entre leurs sites de reproduction et d’hivernage. À l’écart des grands couloirs de migration, l’espèce commence à apparaître en Camargue à la fin du siècle dernier.

La Camargue, lieu privilégié pour cette espèce

L’hivernage étant devenu plus important et régulier à partir de l’hiver 2003-2004 (Kayser et al., 2018), un comptage dans le cadre national du « Réseau Grues France » est organisé chaque année par la Tour du Valat. La SNPN y participe depuis 2014. Un réseau d’observateurs des espaces naturels est mobilisé un matin de début janvier pour estimer leur population en Camargue chaque année.

L’effectif est en augmentation constante : passé de plus de 7 700 grues en 2014 à plus de 19 033 grues en 2020, dont 8 090 sur la réserve naturelle nationale de Camargue (soit 42 % du total des hivernantes camarguaises).

Même si les positions des dortoirs d’une année à l’autre sont relativement pérennes, le nombre d’oiseaux sur chaque site peut en revanche varier beaucoup. Cette variation peut s’expliquer par les niveaux d’eau en début de migration (VANDEWALLE, obs. pers.) et donc peut rendre le site plus ou moins exploitable par l’espèce. Ainsi en 2019, seul le dortoir d’Amphise/Cassieu était fréquenté.

Les grues commencent à quitter la Camargue à partir du mois de février, pour remonter vers le nord de l’Europe sur leurs sites de reproduction.

 

Bibliographie:

Kayser Y., Gauthier-Clerc M., Blanchon T., Vandewalle P., Befeld S., Petit J., Tiné R., Flitti A., Champagnon J., 2018. L’hivernage de la Grue cendrée Grus grus en Camargue : historique et statut récent. Ornithos 25(1): 4-13

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