Texte : Marion Cochat, coordinatrice de projet pour Biodiversity Conservation Colombia Texte publié initialement dans Le Courrier de la Nature n° 333, mars-avril 2022 Située à 500 km des côtes colombiennes dans l’océan Pacifique, Malpelo est une petite île apparemment déserte et hostile, qui abrite pourtant l’une des plus grandes biodiversités marines de la planète. Formée il y a 20 millions d’années, cette île d’origine volcanique occupe 3,5 km2 et atteint une altitude de 320 mètres ; sur ce bout de terre, il n’y a aucune source d’eau douce et presque aucune végétation. Son nom dérive du latin malveolus qui signifie « inhospitalier ». Pourtant, l’île a été classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 2006, au titre de réserve biologique majeure dans le Pacifique, s’étendant sur une vaste aire marine protégée. Entourée de fonds de 4 000 mètres, son territoire marin s’étend sur 8 757 km2, elle y abrite des espèces endémiques : crabes, geckos, cinq espèces de poissons (dont le requin féroce Odontaspis ferox). De grandes populations de requins vivent dans ces eaux – notamment des requins-marteaux (Sphyrna lewini), des requins soyeux (Carcharhinus falciformis) et des requins-baleines (Rhincodon typus) –, mais également une multitude de grands poissons, dont des thons et des thazards, et des espèces pélagiques uniques… ainsi qu’une incroyable quantité de nutriments brassés par les courants océaniques. Malpelo est située dans la zone de convergence intertropicale : ses ressources en poissons et en coraux sont réparties dans le monde entier grâce à la rencontre de huit grands courants océaniques. Malpelo représente donc une réserve de pêche extrêmement riche et un berceau essentiel de l’écosystème mondial. Lutter contre la pêche illégale Le projet « Protect Malpelo – Silky » vise à préserver la biodiversité de Malpelo, menacée notamment par la pêche illégale. Pour tenter de l’empêcher, l’équipe de la fondation avec les rangers colombiens maintient une présence dissuasive […]