Biodiversité : les scientifiques du monde entier sonnent l’alerte
Cinq rapports régionaux de l’IPBES ont été publiés samedi 24 mars. Ils dressent un état des lieux alarmant de la biodiversité sur la planète, réduisant considérablement la capacité de la nature à contribuer au bien-être des populations.
A l’occasion de la 6e plénière réunie à Medellín, en Colombie, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a présenté ses évaluations régionales. Selon l’IPBES – l’équivalent, pour la biodiversité, du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) – l’érosion de la qualité des sols et le déclin rapide des formes de vie sont de graves menaces pour le bien-être des hommes et la stabilité des sociétés.
Dans chaque région, à l’exception d’un certain nombre d’exemples positifs où des leçons peuvent être tirées, la biodiversité et la capacité de la nature à contribuer au bien-être des populations sont dégradées, diminuées ou perdues en raison d’un certain nombre de pressions communes : la surexploitation et l’utilisation non durable des ressources naturelles ; la pollution de l’air, des terres et des eaux ; le nombre croissant et les impacts des espèces exotiques envahissantes et des changements climatiques, entre autres.
« La biodiversité et ses services écosystémiques […] sont à la base de notre nourriture, de l’eau et de l’énergie que nous consommons. Ils sont au cœur non seulement de notre survie, mais de nos cultures, de nos identités et de notre joie de vivre. Les meilleures données disponibles rassemblées par les meilleurs experts mondiaux nous conduisent à une conclusion unique : nous devons agir pour arrêter et inverser la tendance à l’utilisation non durable de la nature – au risque non seulement de nous engager vers un futur que nous ne souhaitons pas, mais aussi de compromettre les vies que nous menons actuellement. Heureusement, les preuves montrent également que nous savons comment protéger et restaurer partiellement nos atouts naturels vitaux » souligne Sir Robert Watson, président de l’IPBES.
La réalisation des objectifs de développement durable (ODD), du plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020 et des objectifs d’Aichi pour la biodiversité et de l’accord de Paris sur le changement climatique dépendent de la santé et de la vitalité de notre environnement naturel dans toute sa diversité et sa complexité. Agir pour protéger et promouvoir la biodiversité est au moins aussi important pour la réalisation de ces engagements et pour le bien-être humain que la lutte contre le changement climatique global.
La France figure parmi les 7 pays abritant le plus grand nombre d’espèces menacées au monde, mais nous pouvons regretter qu’elle ne se soit toujours pas donné les moyens pour remplir ses obligations fixées par la Convention sur la diversité biologique.
Comment analyser dans ce contexte la poursuite de l’érosion des populations d’oiseaux communs dans la plupart des milieux, et en particulier dans les milieux agricoles.
Depuis le début des années 80, la population d’oiseaux de ces milieux agricoles a été pratiquement divisée par deux. Sans compter la disparition de 80% des insectes au niveau européen.
Cette érosion résulte de multiples facteurs (destruction des habitats, pollution en particulier par les pesticides, réduction des ressources alimentaires…) qui interagissent et contre lesquels on ne dispose pas aujourd’hui d’une politique volontariste et efficace.
Pour la SNPN une reconquête de la biodiversité est possible pour peu que la France s’en donne les moyens et inverse la tendance. Des mesures urgentes et fortes doivent être prises. L’appel à l’indignation du Ministre Nicolas Hulot doit être entendu. A cet égard, il peut compter sur notre mobilisation et notre soutien mais aussi notre vigilance. La protection de la biodiversité est notre priorité nous ferons aussi le nécessaire pour rappeler à Emmanuel Macron que c’était un de ses engagements de campagne. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de compenser ou de réduire, il s’agit bien en premier lieu d’éviter et d’empêcher la 6ème extinction que l’on nous annonce.