Photo : Annelies Geneyn/Unsplash

François Sarano, Marion Sarano (illustratrice) et Sandra Bessudo (préfacière)

Éd. Actes Sud, 2022, 304 pages, 21 €.

Texte : Gabriel Ullmann
Texte publié initialement dans Le Courrier de la Nature n° 334, septembre-octobre 2022

Cet ouvrage est à la fois un précieux manuel de connaissance de la biologie et de l’écologie des requins et un plaidoyer pour réhabiliter ces animaux menacés, à contre-courant de leur image menaçante. En partant de la très riche expérience de terrain de François Sarano et des savoirs éthologiques, le livre explore également, à travers les requins, un symbole de l’altérité du monde sauvage que l’homme moderne s’efforce d’asservir au prix d’une destruction irrépressible. Au fil des pages, qui donnent une voix aux sans-voix, François Sarano nous invite à faire la paix avec la nature et à vivre ensemble dans un monde auquel nous appartenons tous, humains et non-humains. Depuis les profondeurs à la découverte du monde fascinant des requins, l’ouvrage foisonne d’anecdotes et d’aventures sous-marines à la fois scientifiques et romanesques. Selon des études parmi les plus récentes, on compte entre 440 et 536 espèces de requins… c’est dire que l’on a encore beaucoup à apprendre sur eux ! Ils se distinguent des poissons osseux (Ostéichthyens) par de nombreux caractères, dont le fait qu’ils sont constitués de cartilage (Chondrichtyens). Parmi ces derniers, ils constituent avec les raies la sous-classe des Sélaciens. Leur mode reproduction est aussi unique, pour certaines espèces, à savoir la viviparité. Leur durée de vie biologique est aussi remarquable : plus de 70 ans pour le requin blanc par exemple. Le requin du Groenland, seul requin des eaux polaires d’Arctique, aurait même une longévité estimée à 400 ans et se reproduirait vers l’âge de 150 ans… si les activités humaines lui en laissent le temps. Leur éthologie, de mieux en mieux connue, les classe parmi les animaux les plus sensibles et « intelligents ». Les requins se retrouvent dans toutes les eaux du globe, et sont aujourd’hui quasiment tous menacés. Ils souffrent particulièrement de la destruction de leur habitat naturel, de la pollution, du braconnage et de la surpêche qui les prive de certaines de leurs sources de nourriture. N’oublions pas, comme le stigmatise à juste titre le livre, la pêche des requins pour leurs ailerons, les condamnant à une mort atroce. Chaque année, les ailerons de près de 80 millions de requins sont vendus pour finir en soupe, un mets asiatique traditionnel. Pour compléter son information, le lecteur se reportera avec intérêt aux articles parus dans le Courrier de la Nature (n° 294, p. 34 à 41 ou encore n° 306 spécial « Nuisibles », p. 36 à 41). Les études, les ouvrages, les articles, les alertes se multiplient depuis des décennies pour informer, éduquer, sensibiliser, dénoncer… et nous en sommes encore là. Mais pas (encore) las ! Alors lisons et continuons.

Au nom des requins.

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