50 idées fausses sur les amphibiens

Françoise Serre Collet
Quæ. 2021. 152 pages. 23 €.
Texte : Ivan Ineich Texte initialement publié dans Le Courrier de la Nature n° 333, mars-avril 2022
Après un ouvrage similaire publié en 2019 sur les serpents (cf. n° 317, p. 49), Françoise Serre Collet réitère cette entreprise, cette fois concernant les amphibiens. Tout comme les serpents, eux aussi font l’objet de récits et de rumeurs non fondés, colportés depuis des générations en France et dans le monde, aboutissant quelquefois à leur mise à mort totalement injustifiée et souvent cruelle. Rétablir la vérité fait partie de la mission que s’est donnée l’autrice et il faut le reconnaître, elle le fait très bien. Ce petit fascicule à couverture souple, agréable en main, débute par une préfacé rédigée par Norin Chai, autrefois vétérinaire au Jardin des plantes de Paris, chargé d’enseignement à l’École nationale vétérinaire de Maisons-Alfort. Élogieux et juste, Norin Chai y met en avant l’originalité du livre et le talent de son autrice. Chacun des 50 textes relatifs aux idées fausses démenties est richement illustré par plusieurs photographies en couleur, souvent faites par l’autrice. Des encarts développent des anecdotes ou clarifient certains points, complétant harmonieusement la richesse des préjugés, y compris ceux, nombreux, relatifs à la sorcellerie. On apprend également pourquoi des amphibiens totale- ment différents sont à tort considérés comme mâles et femelles de la même espèce, tout simplement car le nom de l’un est masculin et donc forcément le mâle et l’autre nom féminin : la grenouille femelle du crapaud ou encore la salamandre femelle du triton. En quelques lignes, Françoise tord le cou à ce genre d’erreurs grossières. Rien n’est oublié et le sujet est bien couvert par l’analyse minutieuse et la diversité des 50 idées fausses retenues. Comme dans tous les livres de Françoise Serre Collet, il faut noter ici encore le grand foisonnement des points abordés et l’explosion d’informations dans chacun des paragraphes. Par cette complexité, ce livre ne s’adresse de toute évidence pas aux enfants : les mots scientifiques barbares abondent dans le livre qui ne peut être considéré comme un ouvrage de vulgarisation au sens premier du terme. De façon surprenante, la profusion de termes scientifiques spécialisés, qui semble refléter le niveau élevé des lecteurs ciblés, détonne par rapport à certaines questions infantiles comme par exemple de se demander si les têtards sont des petits poissons ! Les informations fournies sont toutefois très pertinentes et font souvent références à des travaux récents. Notons que le petit crapaud africain illustré à la page 77 n’est pas le seul anoure vivipare comme l’écrit l’autrice car on sait à présent qu’il existe au moins deux apparitions séparées de la viviparité dans ce groupe (la première chez les deux genres de crapauds africains Nectophrynoides et Nimbaphrynoides, probablement issus de lignées distinctes, la seconde chez le Leptodactylidae Eleutherodactylus jasperi à Porto Rico, une espèce récemment éteinte). De même, la notion de « pollution génétique » est utilisée (p. 104) dans un sens qui n’est pas son sens originel défini par Alain Dubois et Jean-Jacques Morère dès 1979. Malgré ces critiques mineures, ce petit livre vous permettra sans aucun doute de passer un moment agréable en apprenant beaucoup tout en étant surpris à chaque page.
