Patrimoine naturel et archéologique
L’originalité et l’intérêt patrimonial international de la Réserve naturelle nationale de Camargue réside dans la diversité de ses habitats et des espèces qui les occupent (en particulier les 285 espèces d’oiseaux dont 269 d’intérêt patrimonial). Le patrimoine archéologique, moins connu, est néanmoins tout aussi intéressant.
Les habitats
La majeure partie de la Réserve se situe dans la Camargue laguno-marine. 94 % de sa surface est constituée de lagunes et baisses (étangs permanents ou temporaires), et de sansouires et pré-salés (étendues salées de salicornes, soudes, saladelles, etc.). La majorité de ses habitats étant d’ailleurs considérés comme Habitats Prioritaires par la Directive européenne Habitats-Faune-Flore.
Sur le littoral de la Réserve, la large plage de sable, régulièrement recouverte par les eaux marines, est bordée par un système dunaire important, soumis aux vents violents qui remodèlent en permanence son profil.
Isolées dans les sansouires, les pelouses méditerranéennes xériques s’installent sur des petites dunes fossiles arasées adaptées aux sécheresses estivales prolongées : les montilles.
Présentes en moins grande proportion et principalement sur le Bois des Rièges, des dunes à genévriers de Phénicie présentent des boisements multi-centenaires.
Une partie fluvio-lacustre est également présente et localisée à l’est de la Réserve, sur des bourrelets alluviaux laissés par d’anciens cours du Rhône. Y sont présents des forêts galeries à peupliers blancs et tamaris, des roselières, des marais doux et des mares temporaires.
La flore
D’une extraordinaire richesse floristique, la Réserve de Camargue compte 612 espèces végétales, dont 73 présentent un intérêt patrimonial. Parmi elles :
- 14 espèces bénéficient d’une protection nationale : Ail petit Moly Allium chamaemoly, Myosotis ténu Myosotis pusilla, Tolypella salina, Saladelle de Girard Limonium girardianum, etc. ;
- 20 espèces bénéficient d’une protection régionale (PACA) : Lis des sables Pancratium maritimum, Ruppie maritime Ruppia maritima, etc. ;
- 7 espèces sont inscrites sur la Liste rouge nationale : Althénie filiforme Althenia filiformis, Jonc du littoral Juncus littoralis, etc. ;
- 55 espèces sont inscrites sur la Liste rouge régionale (PACA) : Zostère naine Zostera noltei, Cresse de Crête Cressa cretica, Germandrée des dunes Teucrium dunense, Phélypée des sables Phelipanche arenaria, etc.
La faune
La diversité faunistique n’est pas en reste et est tout aussi impressionnante que celle des plantes.
En effet, on dénombre :
- Plus de 1700 espèces d’insectes et arachnides, dont 38 d’intérêt patrimonial : la Diane Zerynthia polyxena, le Leste à grands stigmas Lestes macrostigma, la Zygène des prés Zygaena trifolii, etc. ;
- 36 espèces de poissons, dont 10 d’intérêt patrimonial : Anguille européenne Anguilla anguilla, Alose feinte Alosa fallax, Carpe commune Cyprinus carpio, Gobie tacheté Pomatoshistus microps, Gobie buhotte Pomatoshistus minutus, etc. ;
- 7 espèces d’amphibiens, toutes d’intérêt patrimonial : Crapaud calamite Bufo calamita, Pélodyte ponctué Pelodytes punctatus, Grenouille de Graf Pelophylax kl. grafi, etc. ;
- 12 espèces de reptiles, dont 11 d’intérêt patrimonial : Cistude d’Europe Emys orbicularis, Psammodrome d’Edwards Psammodromus hispanicus, Couleuvre vipérine Natrix maura, Tortue caouanne Caretta caretta, etc. ;
- 24 espèces de mammifères, dont 10 d’intérêt patrimonial : Genette commune Genetta genetta, Loutre d’Europe Lutra lutra, Campagnol amphibie Arvicola sapidus, Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus, Lapin de garenne Oryctolagus cuniculus, etc. ;
- 283 espèces d’oiseaux, dont 23 revêtent une importance internationale sur les 269 d’intérêt patrimonial : Grèbe à cou noir Podiceps nigricollis, Spatule blanche Platalea leucorodia, Flamant rose Phoenicopterus roseus, Canard chipeau Anas strepera, Talève sultane Porphyrio porphyrio, Foulque macroule Fulica atra, Grue cendrée Grus grus, Aigle criard Aquila clanga, Gravelot à collier interrompu Charadrius alexandrinus, Bécasseau cocorli Calidris ferruginea, Courlis cendré Numenius arquata, Goéland railleur Chroicocephalus genei, Sterne naine Sternula albifrons, Sterne caugek Thalasseus sandvicensis, Hibou des marais Asio flammeus, Pipit rousseline Anthus campestris, Georgebleue à miroir Luscinia svecica, Fauvette à lunettes Sylvia conspicillata, Fauvette pitchou Sylvia undata, Gobemouche gris Muscicapa striata, Pie-grièche à tête rousse Lanius senator, Bruant des roseaux Emberiza schoeniclus, etc.
Patrimoine archéologique
Des fouilles archéologiques ont permis de retracer une partie de la riche histoire des 13 200 ha de la Réserve naturelle nationale de Camargue. Ces fouilles se sont concentrées sur des sites bordant le Rhône d’Ulmet, ancien nom donné au moyen-âge à l’un des bras du Rhône qui fut longtemps actif en Camargue. Citons notamment :
- La Capelière : ancien village occupé dès l’époque grecque du Ve siècle au Ier siècle avant JC ; représentant la plus longue occupation d’un site à cette époque ;
- Le port d’Ulmet : ancien port fluvial de l’antiquité tardive (Ve et VIe siècle) d’une superficie estimée à 4 ha ;
- L’abbaye cistercienne d’Ulmet : construite par les Cisterciens en 1125, cette ancienne abbaye médiévale (entre les XIIe et XIVe siècles) fut la première des abbayes du sel.