Historique
Au début du siècle passé, l’expansion simultanée de deux acteurs économiques dominants aux objectifs totalement opposés va transformer les étangs centraux de Camargue en enjeu vital : les salines au sud-est envisagent de les transformer en étangs de préconcentration en sel alors que les agriculteurs préfèreraient les utiliser pour déverser les eaux douces issues de l’irrigation agricole.
De cette opposition va naître l’idée de confier, en 1927, cet ensemble à des naturalistes dont les plus éminents sont regroupés au sein de la très ancienne Société d’Acclimatation de France devenue aujourd’hui la Société nationale de protection de la nature (SNPN).
L’homme de la situation, Gabriel Tallon, botaniste hors pair, directeur de la Réserve pendant les quarante premières années, va devoir à la fois lutter contre tous les aspects nocifs de l’expansion économique environnante, asseoir la renommée de la Réserve sans grands moyens financiers et surtout constituer avec d’autres scientifiques une inestimable base de connaissance de ces espaces.
L’État, après l’acquisition des terrains en 1972, et le classement en Réserve nationale en 1975, confirme la SNPN dans son rôle de gestionnaire et lui permet ainsi de poursuivre sa politique de conservation stricte avec le soutien financier du budget des Réserves naturelles.
Lorsque le Conseil de l’Europe institua un diplôme particulier pour honorer les réalisations les plus prestigieuses dans le domaine de la conservation de la nature, la Réserve de Camargue fut la première à qui il attribua la nouvelle distinction (1967), de même que le Conseil international de coordination du programme MAB de l’UNESCO la retint, dès 1975, comme réserve de biosphère.
Patrimoine archéologique
Des fouilles archéologiques ont permis de retracer une partie de la riche histoire des 13 200 ha de la Réserve naturelle nationale de Camargue. Ces fouilles se sont concentrées sur des sites bordant le Rhône d’Ulmet, ancien nom donné au moyen-âge à l’un des bras du Rhône qui fut longtemps actif en Camargue. Citons notamment :
La Capelière :
ancien village occupé dès l’époque grecque du Ve siècle au Ier siècle avant JC ; représentant la plus longue occupation d’un site à cette époque ;
Le port d’Ulmet :
ancien port fluvial de l’antiquité tardive (Ve et VIe siècle) d’une superficie estimée à 4 ha ;
L’abbaye cistercienne d’Ulmet :
construite par les Cisterciens en 1125, cette ancienne abbaye médiévale (entre les XIIe et XIVe siècles) fut la première des abbayes du sel.