Puissants, adaptés à de nombreux milieux, et dotés d’une allure qui nous est étrangement proche, les ours sont des animaux qui ne laissent pas les humains indifférents. Partout où vit l’ours, au patrimoine écologique que ces espèces représentent s’ajoute toujours un patrimoine culturel considérable. À l’heure où la plupart des espèces d’ours sont ou ont été menacées, où le futur de l’ours brun dans les Pyrénées est en discussion, il nous a semblé utile de faire un point général sur les enjeux de conservation de la famille très diverse des ursidés. Véritables sentinelles de la biodiversité, leur situation reflète, hélas, l’état de conservation des milieux. L’originalité recherchée de ce numéro spécial tient dans l’articulation souhaitée entre les aspects biologiques, socio-culturels et géopolitiques. 

Réfugié dans les bribes des forêts de montagne européennes, chassé jusqu’à en presque disparaître, l’ours brun européen est aujourd’hui dans une situation précaire quoiqu’hétérogène sur le territoire. Est-il possible que l’un des derniers grands prédateurs et l’humain se partagent un territoire où s’exercent aujourd’hui bien des activités, d’élevage en particulier ?

Comme le lérot (Eliomys quercinus) et la musaraigne aquatique ou crossope (Neomys fodiens), l’ours brun (Ursus arctos) fait partie des mammifères naturellement présents en Europe occidentale depuis le courant de l’ère quaternaire. Comme l’aurochs (Bos primigenius) et le bison d’Europe (Bison bonasus), l’ours brun fait aussi partie des grands mammifères qui ont considérablement régressé après l’installation de l’espèce humaine dans cet espace, et surtout après l’arrivée des premiers agriculteurs et des premiers éleveurs.

De l’Amérique à l’Asie, les territoires peuplés d’ours sont aussi habités ou exploités par les êtres humains. Aujourd’hui, les scientifiques étudient les plantigrades, de leur répartition à leur génétique en passant par leur mode de vie, et tentent d’élargir les connaissances à leur sujet pour améliorer la cohabitation.