Vulcain peut-il représenter l’avenir de notre monde ?
Durant ces dernières années la cause de la protection de la nature s’est heurtée à un certain nombre de blocages institutionnels et dans la gouvernance, avec une centralisation extrême de la décision, une influence très forte accordée aux lobbies productivistes et extractivistes, un manque de considération pour les corps intermédiaires et la concertation (dont les associations naturalistes et de protection de la nature et de l’environnement), un dévoiement des consultations publiques et des conventions citoyennes. La nature a souffert de ces méthodes et a continué de se dégrader.
« La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas », avons-nous entendu du Président entre les deux tours de l’élection présidentielle, le 16 avril 2022 à Marseille. Malheureusement un certain nombre de faits semblent démentir cet engagement. Par exemple, le ministre en charge de l’écologie et la secrétaire d’État en charge de la biodiversité occupent des rangs protocolaires nettement rétrogradés par rapport aux gouvernements précédents, avec des périmètres réduits.
Quel modèle philosophique nous propose-t-on pour résoudre la crise écologique qui s’accentue ? Vulcain (a)…
Soyons nets : le symbole ne nous convient pas du tout, et nous effraie même. Vulcain est le dieu du feu qui dévore et détruit : il est associé aux incendies, notamment estivaux. La plaine des Maures, la forêt de la Teste de Buch, pour ne citer qu’elles, ont trop souffert pour que l’on prenne ce sujet à la légère. Vulcain, assimilé à Héphaïstos, est le dieu du fer et de la forge, de l’industrie, en un mot, celui qui façonne la matière naturelle pour la transformer au profit exclusif des autres dieux et des humains, négligeant l’harmonie naturelle et l’existence des animaux et des plantes.
On nous invite ainsi à souscrire à une fuite en avant techniciste et productiviste : qui peut encore croire en une croissance infinie et en l’innovation technique comme la seule solution aux enjeux actuels et à venir ? Pourtant c’est bien ce que nous voyons se mettre en place actuellement, de façon accélérée, sur les questions énergétiques (éolien, photovoltaïque, nucléaire), sans débat démocratique et avec une singulière absence de questionnement en amont sur quelles énergies Pour quels besoins. La biodiversité sera, à nouveau, n’en doutons pas, la principale victime de cette vision archaïque de l’avenir, ne serait-ce que parce que l’on acte une régression environnementale en « simplifiant » les procédures au détriment des recours et des études d’impact.
Certes – évolution sémantique ô combien grinçante – le mot sobriété n’est plus moqué, mais à cet égard il semble que nombre de nos dirigeants « macronisent » : nouveau verbe qui signifie « se montrer inquiet d’une situation et énoncer de bonnes intentions, mais ne rien faire ». Avant on parlait de procrastination !
Rémi Luglia, président de la SNPN
a- « Certains avaient voulu me voir comme Jupiter, c’est plus Vulcain, c’est à dire à la forge », a déclaré Emmanuel Macron sur TF1 le 14 juillet 2022.