Pressions
Plusieurs événements ont marqué l’été 2021, suscitant de multiples interrogations. La Réserve naturelle nationale de la Plaine des Maures, qui bénéficie du soutien constant de la SNPN depuis des décennies, a été victime d’un incendie gigantesque (cf. p. 6). Aussitôt certains intérêts locaux ont cherché à en tirer profit pour renforcer les activités humaines sur ce territoire protégé. La SNPN a pris la parole pour réclamer au contraire un renforcement des mesures de protection.
Le Vaccarès, au cœur de la Réserve naturelle nationale de Camargue, a subi pendant un mois et demi le déversement d’eaux principalement agricoles « chargées » aux engrais et aux herbicides dont un produit interdit et deux autres en surdosage par rapport aux normes. Nos équipes sur place, épaulées par la directrice générale, le professeur François Ramade et moi-même, ont bataillé tout l’été pour obtenir finalement que cette contamination cesse (cf. p. 6). Faut-il relier cet épisode et la récurrence des contaminations avec la disparition quasi complète cette année des herbiers de zostères, habitat classé prioritaire ? Nous sommes enclins à le penser…
Force est de constater que la défense des aires naturelles protégées est un combat constant, sans cesse renouvelé, qui demande une vigilance de tout instant. Même les réserves qui disposent de la réglementation la plus protectrice de France, comme la Camargue, ne sont pas à l’abri des pressions anthropiques. Et ne parlons pas de celles, de plus en plus nombreuses, dont les dispositifs sont « allégés » et autorisent de nombreuses activités humaines : funeste évolution qui voit la « protection forte » s’affaiblir…
L’été a vu aussi la publication du 1er volet du 6e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) sur les changements climatiques. La SNPN appelle à cet égard à mettre sur le même niveau d’importance ces enjeux et ceux liés à l’érosion généralisée de la biodiversité. La SNPN s’inquiète particulièrement de la tendance qui voit la lutte contre les dérèglements climatiques se réaliser au détriment de la biodiversité, notamment par le développement accéléré des énergies dites renouvelables (hydraulique, éolien, photovoltaïque) dans des espaces peu anthropisés (naturels et agricoles) ou avec des effets notables sur celle-ci (bois-énergie), ajoutant ainsi de nouvelles pressions.
La nature est porteuse de solutions pour faire face aux dérèglements climatiques, à condition de protéger et de restaurer les fonctions écosystémiques et les réseaux écologiques pour eux-mêmes, et non seulement selon un intérêt humain bien incertain à définir.
Rémi Luglia