Courrier de la Nature n°326 janvier-février 2021

8.00 

En route vers le « monde d’après » ?

L’année 2021 sera-t-elle l’année 1 du « monde d’après » ? Au vu des logiques qui se sont déployées depuis la fin du printemps 2020, nous sommes en droit d’en douter. Dérogation injustifiée et infondée à l’interdiction de l’utilisation des néonicotinoïdes au profit du lobby agro-industriel de la betterave sucrière (cf. n° 325, p. 7) ; privilèges accordés à certains chasseurs pour continuer à pratiquer leur loisir mortifère pendant le confinement (cf. p. 4) ; mort de trois ours dans les Pyrénées, tués de la main de l’homme, sans que le gouvernement ne réagisse et n’envisage des réintroductions de remplacement (cf. p. 6) ; non mise en place d’une éco-conditionnalité aux aides massives du plan de relance ; accélération du déploiement d’énergies « vertes » sans aucun respect pour leurs impacts sur la biodiversité ni sur leur coût environnemental réel ; volonté d’alléger les procédures et exigences en matière d’évaluation environnementale des projets d’aménagement ; abandon de la promesse de sortir du glyphosate ; diminution des moyens humains des parcs nationaux existants ; etc.

En même temps, jamais nos concitoyens n’ont été aussi sensibilisés aux enjeux environnementaux, jamais le besoin de nature ne s’est autant exprimé, jamais la pression sur nos gouvernants n’a été aussi prégnante. Un certain nombre de signaux sont positifs : augmentation de la dotation de fonctionnement des réserves nationales ; définition d’une stratégie des aires protégées avec quelques ambitions ; proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale ; création d’un 11e parc national.

Dans ce contexte si paradoxal, face aux inquiétudes et incertitudes, le Courrier de la Nature nous invite à l’ataraxie, à une sagesse impassible produite par une analyse exacte des événements, afin de garder raison entre pessimisme désespérant et optimisme euphorisant. Notre conviction est qu’une autre trajectoire du monde est possible. Elle n’est pas facile à construire. Notre système mondial ne peut muter instantanément malgré les urgences. Chacun d’entre nous a cependant le devoir de s’y employer.

Depuis 1961 et donc 60 ans, tous les deux mois et désormais également avec une version numérique, le Courrier de la Nature fournit un éclairage réfléchi et critique sur le « monde d’avant » et esquisse ce que pourrait être un futur désirable qui garantirait aux humains et aux autres qu’humains les conditions permettant de se nourrir, de se déplacer, de se reproduire – en un mot d’exister – de façon satisfaisante.

Rémi Luglia, président de la SNPN


Dans les actualités :

Dans le domaine de la protection de la nature, rien n’est figé : ni les usages qui sont faits des milieux naturels, ni la législation qui les encadre. Ainsi, dans
la Manche, l’arrêt prochain de l’exploitation de la tourbière de Baupte représente un enjeu pour la préservation de sa biodiversité. Le droit de l’environnement français continue d’évoluer, sans aller néanmoins jusqu’à porter l’écocide au rang de crime. La biologie de la conservation progresse également : une récente étude sur la rareté écologique des espèces animales terrestres en donne une meilleure compréhension. L’association Arthropologia oeuvre en faveur des insectes pollinisateurs en développant des outils de sensibilisation pour tous publics. La situation sanitaire demeure quant à elle incertaine : les élevages de visons sont également touchés par la Covid-19. Dans ce contexte particulier, une enquête montre que les Français sont attachés à la nature.

 

Vie de la SNPN


Dossier : Les iguanes des Petites Antilles Les espèces endémiques sur le déclin par Michel Breuil, docteur en génétique, herpétologue

Les iguanes du genre Iguana sont les plus grands lézards végétariens. Ils sont un élément clef des écosystèmes tropicaux insulaires, notamment par la pression qu’ils exercent sur la végétation, mais aussi en assurant la dispersion des graines. Dans les Petites Antilles, trois espèces endémiques, l’iguane des Petites Antilles, l’iguane mélanoderme et l’iguane insulaire, voient leur survie menacée par la destruction de l’habitat mais surtout par la compétition et l’hybridation avec d’autres espèces d’iguanes, d’origine continentale.


Dossier : Restauration de paysages forestiers à Madagascar De la réflexion aux suivis, l’implication des communautés villageoises par Delphine Cabanis, technicienne de conservation, service international du Conservatoire botanique national de Brest

À Madagascar, des opérations de reforestation sont menées par le Conservatoire botanique national de Brest en partenariat avec des acteurs locaux, avec un leitmotiv : impliquer les habitants pour favoriser le succès sur le long terme.


Point de vue : Le climat qui cache la forêt Entretien avec Guillaume Sainteny Questions : Hubert de Foresta, administrateur de la SNPN Réponses : Guillaume Sainteny, maître de conférences à AgroParisTech, membre de l’Académie d’agriculture de France.

Quatre ans après sa première édition, Guillaume Sainteny a publié en novembre 2019 une deuxième édition de l’ouvrage Le climat qui cache la forêt – Comment la question climatique occulte les problèmes d’environnement. À cette occasion, il répond aux questions du Courrier de la Nature.


L’art et la nature Selon Selon Debra Bernier et Maurice Rollinat


A lire 

Description

Ce nouveau numéro du Courrier de la Nature entraîne les lecteurs dans les Petites Antilles, à la découverte des iguanes endémiques menacés par l’hybridation avec d’autres espèces venues du continent, puis à Madagascar, où des opérations de reforestation sont menées en partenariat étroit avec les habitants., La question climatique occulte-t-elle les autres sujets environnementaux, et notamment ceux liés à la protection de la biodiversité ? C’est le propos développé par Guillaume Sainteny, spécialiste du développement durable, qui répond aux questions du Courrier de la Nature. Sans oublier les actualités de la nature en France et dans le monde, les actions menées par la SNPN dans les réserves de Camargue et de Grand-Lieu, des analyses d’ouvrages ainsi que les pages artistiques.

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Poids 160 g