Créer une mare : quel type de mare ?
La taille, la forme et la profondeur de la mare seront à envisager en fonction de l’emplacement choisi, du fonctionnement hydrologique attendu et de vos choix esthétiques ! Les formes courbes, sinueuses, avec berges irrégulières et profondeurs variées sont à privilégier. Plus le linéaire de rive est long et complexe, plus l’interface eau-terre sera riche. Des plages en pentes douces (<5% soit 5 cm de dénivelé par mètre) de 2 à 5 mètres (si possible), ou des banquettes ou paliers successifs avec une faible profondeur d’eau auront comme avantage de permettre à une flore diversifiée et particulière de s’y développer, à de nombreux animaux d’en profiter : place de parade pour les tritons, lieu de pontes pour de nombreux amphibiens*, abreuvoir pour les oiseaux, etc. Avoir au maximum un quart de la surface de la mare de faible profondeur est un bon choix. Les pentes douces offrent un habitat de transition, et il est nettement préférable d’avoir au moins une partie de la berge en pente douce pour éviter un effet de piège pour certains animaux. Il est possible d’envisager l’empierrement d’un accès à l’eau. Attention au risque de rupture des berges abruptes. Ne pas utiliser de techniques comme celle des palplanches* pour y remédier, véritables barrières pour la faune. Sur un sol meuble, les pentes doivent être de moins de 30° (60 cm de dénivelé par mètre).
Quelle profondeur ?
Idéalement une profondeur d’eau de 80 à 120 cm est à rechercher dans la zone la plus profonde : une telle profondeur permet d’avoir une mare moins sensible aux variations de température et d’oxygène ainsi qu’au risque de recouvrement total par la végétation. C’est donc un point important à ne pas négliger, qui évitera bien des désagréments futurs. Une mare peu profonde se comble plus rapidement et peut s’atterrir*. Mais une mare temporaire, s’asséchant vers le milieu de l’été n’est pas sans intérêts[1]. Attention, le cas échéant, à ne pas percer la couche imperméable existante. Dans le cas d’une restauration d’une mare ancienne, retrouver les dimensions originelles est souvent le meilleur choix.
Point de vigilance
Surdimensionner une mare par rapport à son alimentation en eau risque d’amener des déceptions. Une petite mare peut en revanche être agrandie par la suite. Il arrive souvent que des ajustements soient à prévoir après une année.
Au besoin, il est souvent possible d’aménager un fossé collecteur ou une dépression pour collecter les eaux pluviales. A contrario, des mares plus petites jouant un rôle de tampon peuvent accompagner la mare principale. Elles limiteront l’arrivée brutale d’eau lors de fortes pluies, permettront la sédimentation des particules fines et réaliseront une épuration biologique.
Anticiper les débordements
Dans certains, cas l’installation d’un tuyau de trop plein est possible (un simple tube de 110 mm de diamètre) traversant la berge aval, pour éviter un débordement non maitrisé. Une zone de surverse peut avoir le même rôle, permettant à la mare de déborder par-dessus la berge. Les berges doivent être compactes et suffisamment dimensionnées pour être solides et ne pas se rompre.
Si la mare est alimentée par des eaux de gouttière, il est profitable de faire écouler l’eau sur quelques mètres sur un lit végétal (fossé peu profond et large), voir la faire traverser un filtre à sable.
Faire une mare bâchée : quelques éléments à connaître
Dans le cas d’un projet de mare bâchée, la taille est souvent limitée pour des raisons techniques et financières, et il est plus difficile de concevoir des formes complexes. Penser à prévoir une profondeur de 15 cm supérieure à la profondeur finale de la mare, puisque des matériaux vont être superposés (voir les fiches travaux). Cependant, les parties bâchées ne peuvent concernée que les zones les plus profondes, si l’alimentation en eau est suffisante pour assurer un débordement important. De même, la bâche peut être placée en profondeur, c’est-à-dire recouverte de terre peu organique (limon, argile…) qui modèleront la forme de la mare. Un ilot central peut être envisagé pour les grandes mares, des rochers peuvent être disposés sur la rive ou dans l’eau, ils seront utilisés par les oiseaux, les insectes…
Cette mare circulaire bâchée, sans poissons, est assez profonde, ce qui limite les hélophytes* uniquement présents sur les bords. Une zone inondable est visible à gauche. Un herbier* central permet à de nombreuses espèces d’amphibiens (Tritons, Crapauds, Grenouilles…) de s’y reproduire. En soirée, chevreuils, renards, martres, chauves-souris sont souvent de passage. Les libellules et insectes aquatiques, ainsi que les oiseaux sont également très présents. Photo C. Eggert.
[1] Voir sur ce sujet le guide Suisse de Pro-Natura en cliquant ici.
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