Phase travaux : rendre la mare vivante.

Ce qu’il faut faire et ne pas faire.

 

Quel type de sol privilégier ?

Un sol riche (humus important) dans l’eau va accélérer le développement de la végétation aquatique et favorisera l’apparition rapide du processus d’eutrophisation*, ainsi que la présence de substances humiques*. Dans ce cas, mieux vaut donc ne pas disposer trop de terre fertile dans le fond de la mare (par exemple sur la bâche), mais privilégier les sols maigres (sable de rivière), voire disposer un fond de pierres, cailloux, gros graviers par endroit, pour éviter une prolifération des hélophytes*.

 

Faut-il mettre de la végétation dans la mare ?

Il n’est en général pas nécessaire de végétaliser une mare. Les plantes aquatiques arrivent d’elles même assez rapidement (potamots, callitriche, myriophylle en épi, cératophylles…) et trouveront leur place. Il est même fréquent qu’elles prolifèrent rapidement et un peu trop. Des successions végétales* peuvent s’observer durant les premières années, la mare étant un écosystème dynamique et non pas figé. Des relevés photographiques sont utiles pour évaluer les transformations à l’œuvre.

Sur les rives, principalement dans les mares de jardins et pour des raisons esthétiques, des végétaux de milieu humides peuvent être plantées (joncs, scirpe, carex, consoude, iris des marais…). Des graines ou pieds peuvent être prélevées dans les mares proches, à partir d’espèces autochtones, que l’on préférera aux cultivars* de jardineries. Jussies, élodées, myriophylles du Brésil et autres plantes aquatiques exotiques, malheureusement encore souvent disponibles dans les jardineries, sont à proscrire absolument car causant des dommages considérables et coûteux dans les milieux naturels[1].

 

Faut-il mettre des espèces animales dans la mare ?

Les espèces animales viendront progressivement, et ce dès la mise en eau. Nous recommandons fortement de ne pas y introduire de poissons, qui diminuent très fortement l’intérêt écologique d’une mare, de même que les oies et canards ! Poissons rouges et carpes koï détruisent la petite faune et la végétation (herbiers*) et remettent les vases en suspension.  Il est interdit de transporter la plupart des espèces d’amphibiens (y compris les têtards), qui, s’ils sont présents non loin, finiront probablement par trouver votre mare : soyez patient ! Les espèces exotiques (tortues de Floride, grenouilles taureaux et autres Nouveaux Animaux de Compagnie…) ne doivent pas non plus être introduits dans la nature : ils sont devenus une des principales menaces pour les espèces autochtones*.

Une mesure positive est de dédier une partie des rives à la tranquillité de la faune, en évitant de la fréquenter et en y plaçant des abris utilisables par la petite faune (amphibiens, insectes…). Il peut s’agir d’empilement de pierres, de bois mort, etc. qui offriront des espaces permettant aux animaux de se mettre à l’abri des prédateurs, du soleil et du dessèchement, voire du gel.

A l’usage, si la fréquentation de la mare par des grands mammifères (bétail, sanglier…) cause une dégradation du milieu, une clôture peut être posée. Éventuellement un accès partiel à l’eau sera permis. Les baignades régulières de chiens perturbent également beaucoup l’écosystème d’une mare.

Après création et mise en eau, il sera nécessaire de vérifier la bonne tenue en eau et procéder éventuellement à des ajustements.

 

La réserve naturelle du Grand Lemps a mené une opération « mare à tritons : mare sans poissons ! ». Pour en savoir plus sur cette opération, cliquez ici.

 

Cette mare sur sol sableux dont la bâche a bien été recouverte évolue doucement. Peu riche en nutriments, l’eau y est claire et un bel herbier* s’est installé. Les tritons y trouvent les supports nécessaires pour leurs pontes. Les jeunes pousses de saules qui apparaissent à proximité sont régulièrement arrachées ou coupées. Photo C. Eggert

[1] Vous trouverz un guide d’identification des espèces exotiques envahissantes des milieux aquatiques en cliquant ici. 

 

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